Littérature générale - poésie
Paris, le 10 mai 1981. Il est midi. À 20 heures, la radio et la télévision annonceront l'élection de François MITTERRAND. Ce jour, qui honore les 18 ans d'Océane, est également unique pour la jeune étudiante en architecture qui, pour la première fois, se retrouve seule à Paris afin de poursuivre ses études.
Après de sensuelles pérégrinations dans la capitale, Océane, légèrement hésitante, entre dans le Café de Flore à Saint- Germain-des-Près. Invitée par de jeunes gens à s'asseoir leur table, son regard, animé d'un désir manifestement partagé, rencontre celui d'Emmanuel. Il est présenté tel un "poète philosophe", libertin et inconstant ; mais beau et séduisant, il plait.
Au moment de quitter ses nouveaux "amis", Océane - "un joli prénom qui donne envie de naviguer dans les océans" (P.20) – accepte l'invitation à prendre le thé chez lui. Ils font l'amour ; les corps exultent. Extatique, la jeune femme est pénétrée par les flèches de Cupidon. Quand les désirs sont exaucés, Océane sort ; elle laisse un billet sur l'oreiller : " Je t'aime, je serai au Flore à partir de midi" (P.36).
"Je t'aime". Trois mots qui anéantissent toute possibilité d'avenir. " Océane réveille-toi, ces "je t'aime" ce sont des inepties. Je ne t'aime pas. Nous nous apprécions…l'amour n'existe que dans l'imaginaire collectif…l'amour…c'est ce que l'on croit ressentir, parce qu'on a voulu le ressentir…" (P.37, 39).
Désemparée, anéantie, Océane ne reverra plus Emmanuel ; elle quitte définitivement Paris, le 12 mai 1981.
Trente années plus tard, "au seuil de son existence" (P.48), Océane regarde une photo jaunie. Et se remémorant la sentence prononcée au Flore, grisée par le champagne et la perspective d'Emmanuel - "ce 10 mai 1981 a pris les allures d'un jour de bonheur, parti pour durer éternellement. Je me refuse, en cet instant précis, à penser au futur, à toutes ces années à venir et, m'emparant de ma énième coupe de champagne, j'y trempe les lèvres, formulant ainsi, en silence, une promesse, celle de ne jamais oublier ce jour…" (P.24) – elle a tenu parole : parce que "seul l'éphémère dure" (P.48), Emmanuel est resté et demeurera éternellement dans ses rêves...