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lundi 29 novembre 2021

La fille du président, B Clinton - Jeff Patterson

 

   

                                                    Thriller politique                 


"Vous pouvez mettre des ailes sur un cochon, mais vous ne ferez pas de lui un aigle". (Bill Clinton)

À la suite du décès soudain du président des États-Unis d'Amérique, le vice-président, Mathew Keating, est désigné, en application des dispositions de la constitution américaine, pour succéder à la fonction suprême.

Depuis la cellule de crise de la Maison-Blanche, Mathew Keating, naguère membre des forces spéciales de la marine de guerre, donne l'ordre à ces mêmes forces militaires d'éliminer, dans son repaire sur le territoire libyen, le djihadiste sanguinaire, Assim Al-Achid. le président, Pamela Barnes - vice-président-, et les chefs d'état-major des armées et des services de sécurité assistent en direct au fiasco de l'intervention. Al- Achid a disparu ; son épouse et ses trois filles, présentes sur la place, sont accidentellement tuées aux cours de l'offensive.

Les électeurs ne pardonnent pas le revers infligé à la sécurité, à l'honneur, et à la fierté du pays. Et puis la trahison joue son rôle : au terme du mandat de Mathew Keating, Pamela Barnes, vice-président, est élue président des États-Unis.

Si la famille Keating espérait alors une existence plus paisible, bien mal lui en prit. La Maison-Blanche perpétue le souvenir d'une sinécure au prix de ce qu'elle s'apprête à subir désormais. Al- Achid, assoiffé de venger « ses femmes », enlève et séquestre Mélanie Keating, la fille de l'ancien président, contraignant ce-dernier à braver tous les interdits, jusqu'au plus haut sommet politique et militaire dans une course effrénée contre-la-montre,
pour tenter de sauver sa fille d'une décapitation publique annoncée et mise en scène à la face du monde sur la chaine de télévision qatarienne, al Jazeera.

« La fille du président » (JC Lattès, 2021) est le deuxième ouvrage, traduit en français après « le président a disparu » (JC Lattès, 2018) écrit, conjointement, par Bill Clinton, quarante-deuxième président des États-Unis d'Amérique et James Patterson, auteur Nord-américain incontournable, notamment de thrillers et de romans policiers.

Il est une personne que l'on évoque peu dans les avis de lecture. le traducteur. Dominique Defert me permet de réparer cette injustice.

Mon libraire préféré m'avait vivement conseillé de lire la version originale. Je parle et je lis l'anglais, très honnêtement pas au point de rêver encore dans la langue de Shakespeare ; je suis bien plus confortable dans celle de Molière. Mais c'est la dernière fois que j'achète un roman américain traduit par Dominique Defert ! Si l'on n'a pas servi dans l'armée américaine – et encore dans certaines de leurs forces spéciales – et auprès des divers services secrets américains - à défaut de simplement quelques notes en bas de pages, il est nécessaire de faire régulièrement appel à un dictionnaire pour comprendre de « quoi, qui ou qu'est-ce » …. La lecture d'une quantité d'acronymes, sans aucune explication, mêlée à un sentiment de défaut de spontanéité de la traduction, c'est déplaisant.

S'agit-il de suffisance ou de nonchalance ? D'arrogance et de dédain du lecteur, sans aucun doute.

Cela dit la qualité et la compréhension du roman et l'intrigue ne sont pas brouillées pour autant. Et c'est heureux car « La fille du président » est un bon thriller.

Ce qui, au premier chef, est brillant et attirant est la collaboration, parfaitement réussie, entre deux hommes de l'art. Un ancien président des États-Unis d'Amérique et un romancier. Quand le premier apporte son savoir et son expérience de la réalité politique et géopolitique, avec les réserves ou les exagérations imposées par le genre romanesque, au service de la fiction imaginée par le second (ou peut-être par les deux conjointement), le lecteur est ravi et comblé.

Tout le soin employé à l'élaboration d'une intrigue intelligible et captivante au moyen de très courts chapitres – quatre pages maximum, c'est très efficace - qui se termine chacun par la technique très maitrisée de l'aguichage (eh oui, je déteste le franglais dans la mesure du possible) – produit un très bon thriller et d'excellents moments de lecture. Et si par endroits, le récit est, comme toujours, un peu plus faible ou le suspense moins intense, les personnages sont construits et très intéressants à plusieurs égards.

En résumé, les amateurs de romans policiers et de thrillers ne devraient pas être déçus par ce roman que je conseille très volontiers.

Michel BLAISE ©