mardi 30 avril 2019

Le cri des corbeaux, Mattieu Parcaroli.

        

                  Un très mauvais roman.

                                                          
                                                         thriller "whodunit (?)"



" Le progrès fait rage et le futur ne manque pas d'avenir". Ainsi, Philippe Meyer concluait naguère ses chroniques matinales sur France Inter. Ce roman, "le cri des corbeaux" ne l'a pas démenti...

Julie et Théo, jeunes trentenaires du nord de la France, sont les heureux gagnants, suite à un concours sur internet, d'un séjour en amoureux de quelques jours dans une villa, située à un endroit inconnu, près du "lac des corbeaux". Ils sont conduits, à bord d'une luxueuse voiture, vers une destination inconnue. Arrivés à destination, le conducteur, énigmatique et taiseux, leur remet les clefs de la maison, puis quitte promptement les lieux. Julie et Théo jouissent rapidement du luxe à leur disposition : installation dans l'une des deux chambres rutilantes, jogging pour Théo dans l'immense parc de la propriété,  bain dans le  jacuzzi, préparation d'un délicieux repas pour le dîner…

Rapidement, ils sont surpris par l'arrivée d'un couple parisien, Agathe et Simon, lauréats du même concours. Tous pensent à une erreur et, espérant pouvoir joindre les organisateurs afin de comprendre, mais seulement le lendemain faute de réseau  téléphonique. En attendant, ils conviennent de partager, bon an mal an, le repas, la soirée et la nuit au sein de la villa.
Le séjour des quatre occupants prend immédiatement une exposition et un rythme effroyables et angoissants : pannes d'électricité à répétition, chutes de neige abondantes,  rupture des mécanismes d'ouverture de toutes les issues de la propriété… en même temps, c'est le temps d'une première disparition : Agathe demeure introuvable. Sera-t-elle la seule à "s'évaporer" mystérieusement ?...

jeudi 25 avril 2019

La Source S, Philippe Raxhon : un thriller ésotérique.




                                                Thriller ésotérique


"Ce n'est  pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles". La maxime de Sénèque (1) a probablement inspiré Laura Zante, docteur en histoire à Palerme, lorsque, par un bref "courriel nocturne", elle sollicite, en prévision de son passage à Paris, un rendez-vous auprès de François Lapierre, célibataire de 43 ans, professeur d'histoire à la Sorbonne. Dubitatif, mains néanmoins curieux, celui-ci la  reçoit aussitôt à l'université. Il ne soupçonne pas que cette jeune femme -  séduisante, intelligente et coriace -  va modifier le cours de sa vie.

Laura dit détenir un palimpseste mystérieux et secret, attribué au philosophe Sénèque, ("la source S"(2)), "un peu particulier, constitué par un texte en latin, et une traduction française qui date du début du 19è siècle". Si le document est authentique et dévoilé, il est de nature à provoquer un conflit majeur à propos des origines judéo-chrétiennes de notre civilisation. Il n'en fallait pas moins pour exacerber l'appétence de l'historien. Aussitôt, les deux protagonistes - unis par un lien professionnel, très vite renforcé d'une réciproque passion amoureuse et culinaire  -  conviennent d'enquêter sur l'authenticité de la "Source S", mais également de rechercher la dernière page manquante du document, afin que celui-ci soit intègre, historiquement vraisemblable, et ne constitue pas une banale "rumeur historique " ressurgit du passé.

Désireux de dévoiler au monde entier un "événement" autant inouï que sidérant, l'enjeu se confirme considérable pour Laura et François. Cependant, la mafia, le Vatican et les services secrets israéliens s'intéressent également à la Source S. L'enquête conduira François et Laura - parfois au péril de leur vie et de de leur amour naissant - à voyager de Palerme à Dublin, en "abandonnant" quelques cadavres sur leur passage. Découvriront-ils l'origine et l'explication de l'énigme ? Pourront ils publier leur découverte et à quel prix pour l'humanité ?

Il serait injuste de révéler le dénouement de l'intrigue ici, sauf à dire qu'il convient de se garder des apparences et qu'une rumeur peut toujours en dissimuler une autre...

mardi 16 avril 2019

La femme qui lisait des romans anglais, S.Tabet

adultère - sentiments

    

"Cherchez le, sentez le avec vos mains, ne réfléchissez pas,…soyez plus sage que votre tête" Matt Damon, la légende de Bagger Vance

               

                                        Un roman parfaitement réussi.

Mariés depuis 25 ans, Juliet et François forment un couple comblé. Elle – quarante-cinq, professeur et sociologue à Paris, est éprise de littérature anglaise, celle dont les auteurs racontent la vie d'héroïnes amoureuses, tourmentées, malmenées, violentées. Ces personnages l'instruisent, pallient les carences de  "l'éducation sentimentale" d'une mère disparue trop tôt. Lui - est un époux aimant. Ils ont trois enfants. Un parcours et une perspective idéales, à priori…

Depuis sa rencontre avec Jérémy, devenu son amant au mois de mai 2015 – « photographe - reporter », célibataire et libre de toute attache familiale – Juliet doit affronter, durant huit mois d'amours clandestines, un dilemme : sauver son mariage ou quitter son époux et partir avec Jérémy. La raison ou la passion ? Tel est le choix que Juliet va devoir faire en se replongeant dans les intrigues de ses héroïnes préférées des romans anglais quand elle était enfant, en s'identifiant à elles, et dans le « petit cahier » laissé par sa mère, « son seul héritage ». Car, sa psychiatre, le docteur Barel, ne lui est pas d'un grand secours.

Au mois de janvier 2016, Jérémy, las de l'indécision de Juliet, part définitivement pour Beyrouth et met un terme à leur liaison. Juliet, désemparée, avoue tout alors à François. Elle jure que "tout est terminé". François pardonne. Juliet ment, elle pense toujours à Jérémy...

Six mois après, un matin du mois juin 2016, Juliet est assisse à proximité du jardin du Luxembourg : dans une heure, elle a rendez-vous avec celui qu'elle a enfin choisi…

Juliet est-elle enfin délivrée de son dilemme ? Pas si sûr…

lundi 1 avril 2019

"Septembre", Jean Mattern

 

                       Drame - sentiments - Israël - homosexualité


Nous sommes au mois de septembre 1972, les jeux olympiques se tiennent en Allemagne de l’ouest. Le narrateur, Sébastien – marié et jeune journaliste - est dépêché à Munich par le BBC pour effectuer un reportage d’avantage culturel que sportif. Il croise à cette occasion le regard sombre et ténébreux de Sam Cole, journaliste israélite, pour le compte d’un journal américain. 

"Je le vis, je rougis, je palis à sa vuese serait ainsi exprimée « Phèdre », dans son éblouissement passionnel.

Est-ce une rencontre qui offre à Sébastien l’opportunité de se révéler à lui-même, ou s’agit-il de l’affranchissement intime et frénétique du narrateur lié à une actualité tout aussi violente quand une organisation palestinienne prend en otage et assassine onze athlètes de la délégation israélienne ?

A cet instant, l’histoire chavire. L’horreur conduira-t-elle les protagonistes à connaitre également un "septembre noir" 2 ?

A l’automne de sa vie, Sébastien, réconcilié avec lui-même, restitue, sous la plume de Jean Mattern, ce récit /ce roman ?, empreint de sentiments - peut-être encore confus, mais délicieusement nostalgiques.

Jean Mattern, né en 1965, vit à Paris. Marié, il travaille dans le monde de l'édition.

"Septembre", publié aux éditions Gallimard en 2015, n'est pas son premier roman : "Simon Weber", "le bleu du lac", "de la perte et autres bonheurs", "de lait et de miel", "les bains de Kiraly"… sont autant de pépites de Mattern.

A noter que paraîtra, au mois d'août 2019, son nouveau roman : "une vue exceptionnelle". En attendant est programmé, du vendredi 3 mai au dimanche 5 mai 2019, "Jean Mattern & Conor O'Callighan" au festival livres et musiques à Deauville. L'Irlande sera mise à l'honneur à cette édition.

Dans "Septembre", Jean Mattern fait le choix de distiller les faits et les situations suscitant l'éternelle question : le roman est-il une œuvre d'imagination ou/et également de souvenirs mêlés, en même  temps ? Je reste persuadé que "l'intrigue" est  souvent l'aboutissement de la rencontre  des deux.

Est-ce à dire que "Septembre" est une œuvre autobiographique ? On serait tenté de le penser et on aurait aimé le croire. Non, évidemment.  En 1972, l'auteur est âge de 7 ans, il dira avoir été déjà très marqué par la violence des événements qu'il ne peut alors comprendre. Bien plus tard, la naissance du livre marquera son désir impérieux d'y revenir.

Tout de suite, il apparaît comme une évidence que Mattern s'est richement documenté pour donner au roman ce qui va constituer la toile de fond à une œuvre romanesque empreinte de douceur et de sensibilité extrêmes dans la difficulté née de de la complexité, de la confusion 3 et de l'ambiguïté des sentiments quand l'amour et l'amitié se heurtent.

On retrouve dans "Septembre" tous les thèmes récurrents à l'œuvre de Mattern : la disparition, la perte de l'être aimé par les circonstances de la vie qui nous échappent (cf. "Simon Weber"), le désir charnel, l'amour et sa complexité…

Sébastien et Sam Cole cheminent exactement et malgré eux  dans un "jeu de liaisons dangereuses". L'auteur est brillamment parvenu à leur donner une personnalité abyssale, attachante parfois, mais insaisissable, souvent.

C'est donc un thème encore qui lui est familier qu'explore à nouveau jean Mattern, y ajoutant la nostalgie et le poids du passé. Mais le nouvel émerveillement dans la poursuite de la lecture de son œuvre vient d'une écriture cette fois-ci différente, plus efficace et empreinte d'une tension poussée à son paroxysme.

Ce récit, servi par une langue parfaitement maîtrisée, magistralement orchestré autour d'un fait historique, est un véritable chef-d'œuvre.

Michel BLAISE © 2019



1. Phèdre de Racine, Acte I, scène 3.
2. La prise d'otages des Jeux olympiques de Munich (aussi appelée le massacre de Munich) a eu lieu au cours des Jeux olympiques d'été de 1972 à Munich en Allemagne de l'Ouest. Le 5 septembre 1972, des membres de l'équipe olympique d'Israël ont été pris en otage et assassinés par des membres de l'organisation palestinienne Septembre noir. Le bilan de la prise d'otages est de onze membres de l'équipe olympique israélienne assassinés et d'un policier ouest-allemand tué. Cinq des huit terroristes ont été tués, les trois autres capturés. (Source Wikipédia)
3. référence empruntée au récit de Stefan Zweig, "la confusion des sentiments"