dimanche 22 décembre 2019

Le mystère de la chambre jaune, Gaston Leroux

                                             
                                        Policier - enquête - intrigue - whodunit

« Le mystère de la chambre » jaune est un roman policier de Gaston Leroux (1868 - 1927), paru en 1907, écrit selon le mode du roman d'enquête. Il s'agit de la première aventure et enquête du jeune reporter Joseph Rouletabille.



Le principe est celui du crime « en chambre close ». La fille du professeur Stangerson est victime d'une violente agression alors qu'elle est enfermée dans sa chambre au château du Glandier. Si la jeune femme échappe à la mort, le mystère demeure entier : le coupable n'a pu matériellement s'échapper de la chambre : les fenêtres sont condamnées ; il n'existe aucun passage secret ni aucune autre issue. Le jeune détective Rouletabille parvient à pénétrer dans le domaine et résout le mystère.

Ce roman est un monument de la littérature policière d'enquête française. Son aspect théâtral, l'élégance avec laquelle le suspense, sur plus de quatre cents pages, est assuré sans relâche - les scènes successives qui soutiennent et font rebondir sans cesse l'intrigue au moyen d'une succession de mystères imbriqués les uns aux autres font de ce livre, à mon sens, la référence du genre policier de détective. À cela s'ajoute le fait que Gaston Leroux invente une enquête parfaitement cohérente et dénuée d'invraisemblances. L'on saisit immédiatement toute la portée de la promesse de l'auteur de nous tenir en haleine, sans aucun répit, dès les premiers mots du narrateur :



« Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu'à ce jour, s'y était si formellement opposé que j'avais fini par désespérer de ne jamais publier l'histoire policière la plus curieuse de ces quinze dernières années…  »

En outre, l'écriture est admirable. L'on se délecte de la poésie des personnages, des lieux et des dialogues. Ainsi, et par exemple, « le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat », la phrase, demeurée célèbre, qui permet à Rouletabille de résoudre le mystère…

C'est par la lecture du « mystère de la chambre jaune » que l'on peut et doit découvrir le roman policier d'enquête et de détective, au sens où le lecteur est associé à la résolution de l'enquête (le whodunit). Aucun autre roman, du même genre, ne captive, à ce point, de bout en bout.



Bonne lecture,

Michel BLAISE©

mercredi 27 novembre 2019

La tentation de la vague, Alain SCHMOLL

                                                 Policier - Intrigue 


Werner Jonquart est né d'une famille de riches industriels laitiers implantée en Suisse, au bord du lac Léman. Moyennant la générosité de ses parents, il pallie ainsi le manque de clientèle de sa société de consultant d'entreprises à Paris. À la faveur d'une visite à sa famille, il est informé de la grave maladie dont souffre son père et des problèmes financiers importants qui menacent la pérennité du groupe familial. Il doit prendre une décision essentielle : succéder à son père afin de redresser la société ou poursuivre sa vie de bohème à Paris.

Romain est un militant de l'extrême gauche radicale. Il a été formé à Cuba au sein de mouvements de luttes révolutionnaires clandestines. Mais contraint de rentrer en France - par la suite de la découverte de sa relation avec Julia, activiste également - il fonde aux côtés de celle-ci, désormais sa compagne, un mouvement politique révolutionnaire à Paris. Très soucieux de demeurer dans l'ombre, il recrute Greg, jeune beau et charismatique, chargé de le représenter publiquement et de mettre en oeuvre les idées du parti. Mais considérant les élans révolutionnaires de Romain très affaiblis, Greg ambitionne très vite de prendre sa place à la tête du mouvement, mais également dans la vie de Julia.

À l'occasion d'une manifestation particulièrement violente, à laquelle Greg et des membres du mouvement de Romain participent, un homme est tué dans des conditions étranges et inexpliquées. Est-ce la conséquence d'une bavure policière ? Pourquoi Romain souhaite-il à rester dans l'ombre du mouvement révolutionnaire qu'il a créé ?

Tels sont les enjeux et les intrigues du premier roman d'Alain SCHMOLL, dirigeant d'entreprises, "la tentation de la vague », paru, en 2019, aux éditions L Harmattan.

l est peu aisé de donner un avis très tranché à propos de la fiction d'Alain SCHMOLL. le suspense et les rebondissements trouvent incontestablement leur place au sein de cette intrigue originale et très bien pensée. Mais le récit, dont il faut souligner qu'il est le premier de l'auteur, est très inégal à plusieurs égards.

L'architecture d'ensemble heurte par son manque de cohérence et d'harmonie. Non pas de façon strictement formelle - en ce sens que les deux parties qui le composent sont disproportionnées, en tant que tel ce n'est pas un problème si le roman le justifie - mais sur le fond, elle révèle bien d'autres défauts. Dans la première partie, l'auteur alterne, respectivement et alternativement, les récits de Werner et de Romain. À cet égard, Alain SCHMOLL a très judicieusement employé un statut narratif différent - la première personne pour l'un, la troisième pour l'autre - que justifie l'intrigue et, mieux encore, qui sert celle-ci. Cependant, la seconde partie n'en est pas véritablement une au sein d'un ensemble homogène que requiert la construction d'un roman. Elle semble être une suite de l'histoire des protagonistes Ainsi, après avoir révélé, d'une part, le choix de Werner au regard de la direction de société familiale et, d'autre part, les raisons de la clandestinité de Romain au sein de son propre mouvement – et l'on comprend ainsi la mise en parallèle du destin des deux personnages – l'auteur leur permet de se retrouver (au sens littéral) y tirant le bénéfice pour résoudre l'énigme de la mort du malheureux manifestant. Mais, pour autant, les deux parties ne peuvent s'exclure l'une de l'autre. À méditer…

À partir de là, certains défauts de fond devenaient inéluctables. L'histoire peine à prospérer, son évolution est souvent laborieuse. Elle est, parfois, affaiblie par de trop nombreuses et longues digressions financières et économiques concernant la société Jonquart indifférentes à l'évolution de l'intrigue ainsi que de narrations à propos des partenaires différentes de Werner – la lecture du roman permettra de comprendre pourquoi celui-ci et Julia se sont, à un moment donné, perdus de vue. Les descriptions et digressions de faits ou de situations sont toujours les bienvenues quand elles permettent de construire les personnages, les décors ou le paysage du roman ; elles ruinent, en revanche, l'intérêt de celui-ci quand elles ne se justifient que pour et par elles-mêmes.

Les personnages précisément. Il s'agit d'un aspect parfaitement réussi dans le roman. Plus particulièrement celui de Werner, mais de Romain également. Leurs défauts, leurs doutes et leur évolution tout au long du récit leur permettent de dominer celui-ci et de se souvenir d'eux après avoir refermé le livre.

En revanche, si l'écriture est limpide, elle n'est pas toujours très bien maîtrisée. de trop nombreuses fautes de style, de syntaxe, parfois même d'orthographe sont à déplorer. La recherche du mot juste, qui doit traduire avec précision la pensée du narrateur, n'est pas toujours effectuée avec vigilance.

Pour conclure « la tentation de la vague » n'est pas un mauvais roman, loin de là, mais très inégal et surtout perfectible. L'on passe, grâce à une intrigue incontestablement habile et intelligente, d'instants de lecture très captivants, mais aussi quelquefois ennuyeux. C'est dommage car Alain SCHMOLL n'a pas choisi la facilité propre à quantité d'auteurs qui encombrent trop souvent de leurs livres les rayons des librairies.

C'est donc sans aucune réserve que je conseille la lecture de « la tentation de la vague », d'Alain SCHMOLL.
Bonne lecture,

Michel BLAISE ©

mardi 19 novembre 2019

Mes secrets d'écrivain, Elisabeth George

                 

                                                  Littérature, écriture


Que dire de ce livre, sinon que c'est, parmi ceux que je connais, le meilleur de son genre. Il est vrai qu'aux Etats-Unis, les écrivains ont coutume, depuis longtemps, de transmettre leurs connaissances . C'était le cas de P. Roth, plus particulièrement, de Saul Bellow, de Toni Moisson et de bien d'autres et des plus grands.

En France, et dans les pays de langue latine, "les "scribouilleurs" - pour ceux qui cherchent des conseils d'écriture, hormis quelques ouvrages et auteurs intéressants ( je pense à Georges Vigreux, par exemple, à Marie Vareille bienveillante dans son dernier ouvrage sur ce thème), sont légion.

Au minimum, ils survolent l'affaire et écrivent à des fins alimentaires, quand ils ne le font pas, sur internet, à des fins publicitaires tels de merveilleux bonimenteurs laissant croire à de chimériques (terme définissant pénalement l'escroquerie) recettes miracles : "ma méthode pour écrire votre roman à succès en 10 jours" et autres joyeusetés affligeantes!


Elisabeth George, avec rigueur, intelligence et sans vanter quoique ce soit, offre dans cet ouvrage, le meilleur que j'ai lu, les conseils les plus pertinents pour un auteur débutant.

Si vous ne devez en lire qu'un seul...
Bonne lecture,


Michel BLAISE © 2019

lundi 4 novembre 2019

Les choses humaines, Karine TUIL




                                          Justice - viol - intrigue - société - 
                                       
                                                  Prix interallié 2019
                                       Prix Goncourt des lycéens 2019


De nos jours à Paris. Jean FAREL, septuagénaire, célèbre journaliste politique de radio et de télévision et Claire, son épouse, essayiste et féministe engagée, forment un couple socialement et culturellement privilégié, célèbre et influant. Alexandre, leur fils, brillant étudiant à l'université de Stanforf(1), réside habituellement en Californie. L'union s'est rapidement transformée en "une vitrine de façade" (P.35) ; noceurs ou migrants en quête d'amour, les époux ne se singularisent plus par la fidélité.

Ainsi, à la faveur d'un débat dans la classe d'Adam WEIZMAN, professeur de français dans une école juive, Claire s'éprend de celui-ci ; l'attirance est réciproque. Marié à une femme juive orthodoxe, Adam n'est pas préparé à laisser une situation familiale établie, délaisser ses filles, plus particulièrement l'aînée, Mila, très fragilisée depuis l'attentat perpétré dans son école quelques années plus tôt. Mais en conséquence de sa révocation d'enseignant et de sa soustraction au joug de son épouse, il se résout à se séparer. Il emménage avec Claire et Mila.


Lors d'un séjour en France, Alexandre, à contrecœur, est prié, par sa mère et Adam, d'amener Mila à une soirée chez des amis. Tandis-que la musique est bruyante, la boisson abondante et la "Marie-Jeanne" enivrante, Mila accepte de suivre Alexandre à l'extérieur pour fumer. Nullement effrayée, la jeune fille consent à s'enfermer avec Alexandre dans un local insalubre dans lequel ils ont une relation sexuelle singulièrement graveleuse.


Que s'est-il réellement produit, durant ces quelques minutes dans ce local à déchets, dans l'esprit d'Alexandre et de Mila ? Toujours est-il que cette dernière, quittant les lieux immédiatement après, déposera une plainte pour viol prétextant une extorsion de son consentement. C'est un séisme dans la famille FAREL exposée à une avalanche d'assauts médiatiques féroces et vengeurs. Alexandre nie vigoureusement avoir forcé Mila, mais il est arrêté, déféré et finalement incarcéré. Ses études à l'université de Stanforf sont interrompues et définitivement compromises.


Au terme d'une instruction judiciaire, où chacune des parties maintient sa version, Alexandre invoque le consentement de Mila contesté résolument par celle-ci. Il comparait devant la cour d'assises pour y répondre du chef de viol avec violences. Sur leur seule intime conviction, les jurés doivent décider si Mila a consenti à cette relation ou si Alexandre la lui a imposée...


"Les choses humaines" est le onzième roman de Karine TUIL, juriste de formation, paru, en 2019, aux éditions GALLIMARD. Il a été très favorablement accueilli par les lecteurs et les critiques à l'instar des précédents dont les plus notables - "l'invention de nos vie" et "l'insouciance" - ont été traduits en plusieurs langues.


Karine TUIL a reçu de nombreux prix et distinctions : le Prix du Roman News (2011), pour "six mois six jour", le Prix littéraires Les Lauriers Verts (2013) pour "l'invention de nos vies" ; les insignes de chevalier de l'ordre des arts et des lettres (2014), elle y sera élevée au grade d'officier, en 2017. Nombreux de ses ouvrages ont été sélectionnés pour le Prix Goncourt.

Les romans de Karine TUIL sont très souvent symboliques, pour ainsi dire métaphoriques, des réalités sociales et sociétales - à l'image, dans un autre univers, de "l'insouciance" (Gallimard, 2016). C'est au moyen d'une expression souple, accessible, intelligible, intelligente et d'un récit habile et presque linéaire que l'auteur montre, une fois encore, sa parfaite maîtrise de l'écriture. La structuration absolue et harmonieuse du roman est remarquable.


Ainsi, après une présentation et le récit de différents catalyseurs ("diffraction" (2)), Karine TUIL introduit l'effet déclencheur de l'intrigue - le présumé viol ("le territoire de la violence"), puis relate enfin minutieusement le procès d'Alexandre, et ses suites, devant la cour d'assises ("rapports humains").


Estimer "les choses humaines", une fiction sociale et sociétale, d'abord à l'aune de sa forme – de son style irréprochable et de sa structuration habile - n'est pas un exercice de circonstance. le récit du crime imputé à Alexandre survient seulement à la 153ème page/342 pages. Mais à peine de ruiner l'oeuvre de ses qualités singulières, l'auteur ne pouvait faire l'économie d'une exposition préalable caractérisée. La tonalité du contexte socio-culturel, l'intelligence des personnages, les décors ou encore le paysage de l'oeuvre instruisent sur l'intrigue et accroissent la portée du roman ; Karine TUIL y réussit remarquablement sans ennuyer ni déprimer le lecteur.


"La forme, c'est le fond qui remonte à la surface". le roman de Karine TUIL ne réfute pas la pensée de Victor HUGO.


Quoique facile, distrayant et passionnant, le roman de Karine TUIL n'en est pas moins exigeant par ses multiples perceptions et pénétrations de la société contemporaine : la justice - bousculée par la puissance des réseaux sociaux, des médias et de "l'opinion" - la dépravation du monde politico-médiatique, les groupes ultra féministes, la condition des juifs en France, le terrorisme islamiste…


Toutefois, l'intrigue oscille et progresse autour du sexe et la tentation de la déprédation: un brillant étudiant, issu d'un milieu très favorisé, est accusé du viol avec violences sur une jeune femme désavantagée par l'existence, la fille de l'amant de sa mère. L'enjeu de l'intrigue dans le roman est évident et saisissant de réalisme : montrer que les violeurs, majoritairement, se réfugient dans le déni de leur acte ; les victimes, quant à elles, sont à telle enseigne en état de sidération lors de l'agression, plus particulièrement lors d'un "viol opportuniste" (P.314), non prémédité, qu'elles n'osent aucune résistance.


Karine TUIL montre précisément, ici, l'amphibie du viol et son incertitude. Car, de fait, l'on n'a aucune information, sinon la parole d'Alexandre contre celle de Mila. Cette ambiguïté est le fil conducteur du roman. La "vérité judiciaire" n'est révélée qu'à la fin du livre. Est-ce à dire que Karine TUIL, quand elle écrit le roman, nonobstant ce choix fictionnel ambigu, ne sait rien du geste de son personnage, Alexandre ? Rien n'est moins sûr : le narrateur, externe et impersonnel, auquel recourt l'auteur semble omniscient et informé de la psychologie des protagonistes. En d'autres termes, Karine TUIL, tout en réservant un suspense au lecteur, ne semble pas, en écrivant son roman, douter de l'innocence ou de la culpabilité d'Alexandre. Celui-ci et son père, Jean FAREL, ne sont pas toujours présentés à leur avantage. Claire, sa mère, pourtant féministe, lui trouve des excuses insensées ; Jean FAREL lors du procès, témoigne ainsi: 

"je pense qu'il serait injuste de détruire la vie d'un garçon intelligent, droit, aimant, un garçon à qui jusqu'à présent tout à réussi, pour vingt minutes d'action". (P. 281).


C'est, au demeurant, un autre élément équivoque du roman et un véritable coup de maître de Karine TUIL : Alexandre, accusé de viol avec violences, inspire de la sympathie au lecteur, parfois culpabilisante, renforcée par la posture des réseaux sociaux et de l'opinion lorsque ceux-ci se pervertissent en tribunal populaire :



" de quoi vous ont-ils parlé, sinon des rapports de classe, du sentiment de la honte, de l'affaire Weinstein et du mouvement MeToo ? Et le dossier? On vous cite Gisèle Halimi, d'accord, mais Alexandre dans tout ça…(P.324) "…On vous demande de condamner cet homme parce que la société le réclame au nom de la libération de la parole et d'une révolution féministe salutaire…Vous allez plier à l'injonction publique ?" (P. 325).


L'auteur décrit admirablement bien et fidèlement, à l'occasion du jugement d'Alexandre devant la cour d'assises, le déroulement et les écueils d'un procès pénal : le rôle de la victime, trop souvent "déplacé", de l'accusé et de celle du représentant de la société par la voix du ministère public.


Le livre de Karine Tuil est, sans nul doute, l'un des meilleurs romans de la "rentrée littéraire" de l'automne 2019 quand bien même sa lecture serait parfois déstabilisante et ébranlerait notre confiance dans les relations humaines. Quoi qu'il en soit, Karine Tuil a magistralement accompli son dessein : écrire et dépeindre "les choses humaines".

Bonne lecture,

Michel BLAISE © 2019

1) En référence à l'affaire du viol sur le campus de l'université de Stanford (Californie), du 10 juin 2016, qui bouleversa les Etats-Unis : (Lien vers l'article de France Info),

2) Phénomène qui se produit lorsque des ondes rencontrent des obstacles ou des ouvertures qui se traduit par des perturbations dans la propagation de ces ondes ; contournement d'obstacles ou divergences à partir d'ouverture dans ces obstacles.

Autres critiques : 

Le blog de H.C Dahlem
Le blog de Gilles Pudlowski
Le blog de Cunéipage (Sylvie Sagnes)

lundi 28 octobre 2019

Le désir du cannibale, Jean-Paul Tapie






                                         Homosexualité - vengeance 



Voici la recette parfaite pour "s'approprier", par-delà la mort, "l'objet" de tous ses tourments "passant le plus clair de son temps au lit des femmes" (1).


J'ai lu 10 fois, 20 fois peut-être, le roman de jean-Paul Tapie, aujourd'hui non réédité. Si les plus méprisables aptitudes humaines y sont subtilement décortiquées, la chute de cette fiction les porte à leur paroxysme.


Rarement un livre, loin de l'Oeuvre Littéraire, bien écrit toutefois, n'a, à ce point, suscité en moi autant de questions, d'émotions , de souvenirs et, parfois même d'espoir...

Michel BLAISE © 2019


1 ) référence aux paroles du texte de Charles Aznavour"comme ils disent".

mercredi 9 octobre 2019

Nous nous sommes tant aimés, Mona Azzam

                            
                                                

                                              Littérature générale - poésie


Paris, le 10 mai 1981. Il est midi. À 20 heures, la radio et la télévision annonceront l'élection de François MITTERRAND. Ce jour, qui honore les 18 ans d'Océane, est également unique pour la jeune étudiante en architecture qui, pour la première fois, se retrouve seule à Paris afin de poursuivre ses études.


Après de sensuelles pérégrinations dans la capitale, Océane, légèrement hésitante, entre dans le Café de Flore à Saint- Germain-des-Près. Invitée par de jeunes gens à s'asseoir leur table, son regard, animé d'un désir manifestement partagé, rencontre celui d'Emmanuel. Il est présenté tel un "poète philosophe", libertin et inconstant ; mais beau et séduisant, il plait.


Au moment de quitter ses nouveaux "amis", Océane - "un joli prénom qui donne envie de naviguer dans les océans" (P.20) – accepte l'invitation à prendre le thé chez lui. Ils font l'amour ; les corps exultent. Extatique, la jeune femme est pénétrée par les flèches de Cupidon. Quand les désirs sont exaucés, Océane sort ; elle laisse un billet sur l'oreiller : " Je t'aime, je serai au Flore à partir de midi" (P.36).

"Je t'aime". Trois mots qui anéantissent toute possibilité d'avenir. " Océane réveille-toi, ces "je t'aime" ce sont des inepties. Je ne t'aime pas. Nous nous apprécions…l'amour n'existe que dans l'imaginaire collectif…l'amour…c'est ce que l'on croit ressentir, parce qu'on a voulu le ressentir…" (P.37, 39).

Désemparée, anéantie, Océane ne reverra plus Emmanuel ; elle quitte définitivement Paris, le 12 mai 1981.


Trente années plus tard, "au seuil de son existence" (P.48), Océane regarde une photo jaunie. Et se remémorant la sentence prononcée au Flore, grisée par le champagne et la perspective d'Emmanuel - "ce 10 mai 1981 a pris les allures d'un jour de bonheur, parti pour durer éternellement. Je me refuse, en cet instant précis, à penser au futur, à toutes ces années à venir et, m'emparant de ma énième coupe de champagne, j'y trempe les lèvres, formulant ainsi, en silence, une promesse, celle de ne jamais oublier ce jour…" (P.24) – elle a tenu parole : parce que "seul l'éphémère dure" (P.48), Emmanuel est resté et demeurera éternellement dans ses rêves...

mardi 30 juillet 2019

Les Nouvelles du Groupe 2 , JDA




                                            Policier - enquête- nouvelles



Les Nouvelles du Groupe 2" - JDA - nous entraînent au cœur d'un Service Régional de Police Judiciaire (SRPJ). Sous le commandement du capitaine Tom Mareval, nous croisons, au cours des quatre histoires composant ce recueil ("ton entrepôt m'a tué ; "l'argent a un prix" ; "dans l'impasse" ; vendetta"),  les lieutenants Chloé FadeloÉmilien Marchewski et Jimmy  Miraux.

"Jimmy, malgré son jeune âge, possédait une expérience non négligeable  Chloé, l'intrépide au caractère trempé…apportait la gaieté au sein du groupe…Émilien…était le force tranquille…qu'l ne fallait pas, malgré tout, trop chatouiller." (P.7).

Ces policiers ne ménagent ni leur temps, ni leurs peines, ni encore les risques professionnels ou personnels au moyen d'agissements parfois "borderline", mais toujours au service bien compris de la justice. Tel est le leitmotiv des enquêtes du Groupe 2.

Y parviendra-t-il toujours ?...

jeudi 18 juillet 2019

L'Essence des Ténèbres, Tom Clearlake



                                 Thriller - ésotérisme - horrifique - science-fiction 
St. Marys (Etat de Pennsylvanie). La succession d'enlèvements de très jeunes enfants angoisse ses habitants. Le Bureau Fédéral d'Enquête (FBI) désigne l'un de ses meilleurs agents, Eliott Cooper, afin de retrouver les malheureuses victimes et de neutraliser les criminels.
L'enquête débute dans des conditions étranges.  Un collègue inconnu remet le dossier à Cooper au point de rencontre dans un endroit retiré de la ville couvrant  de grandes forêts, où se dissimulent probablement les ravisseurs.  Celui-ci est délesté de certaines pièces médico-légales répertoriées confidentielles.
Eliott Cooper arpente et explore les vastes étendues ; il considère également, à la faveur de détecteurs connectés à des écrans installés dans une cabane transformée pour la cause en dortoir et "poste de surveillance", la présence éventuelle de vies humaines.
Mais, très vite, l’agent fédéral est confronté à des phénomènes surnaturels. Il n'observe, au sein de ces grands espaces, aucune présence animale ni humaine. Étonnamment, il se rapproche et se confronte à des ruines "encerclées" de matières géologiques inhabituelles. Il augure - à cet instant et ici – la mystérieuse existence d'un  autre monde.
Un jour, il voit sur ses moniteurs, la présence, "quelque part" dans la forêt, de trois silhouettes féminines dont l'une tiendrait en ses mains un manuscrit. Il se hâte à leur rencontre.  Il assiste alors, tapi et sidéré, à des rites de messes noires, de   sorcellerie et   des scènes d'anthropophagie :
"Existe-t-il un lien entre ces trois jeunes femmes, ces ruines singulières et les enlèvements de St.Marys ? Voilà la seule question à laquelle je dois apporter une réponse concrète et rationnelle. Il prit son téléphone portable et ouvrit le fichier des images qu'il avait réussi à filmer. Mais un message d'erreur lui indiquait que le fichier n'était pas lisible…." (P.63).
Mais voilà que maintenant, l'agent du FBI est à son tour accusé de cannibalisme par sa hiérarchie. Contraint de fuir, atteint de mystérieuses et effrayantes manifestations physiques, il supplie Lauren Chambers, une collègue naguère son amante, de venir l'aider. L'enquête prend alors une tout autre dimension qui dépasse tout ce qu'aurait pu imaginer Eliott Cooper, et, en tout cas, et le "simple" ravissement  de jeunes enfants.
Tandis que désormais la survie de  la civilisation humaine est le prix de la perspicacité, du courage et des sacrifices de Lauren Chambers et d'Eliott Cooper, les forces obscures et leurs complices se  hâtent. "La grande lutte des ténèbres a commencé" (1) ;  il n'y a véritablement  plus une seconde à perdre…

mercredi 10 juillet 2019

Remèdes littéraires, se soigner par les livres, Ella Berthoud



Un jour un papa vécu un chagrin indicible. Dans un accident, il perdit ses 2 jumeaux de 6 ans.

Jamais, il n'en dit mot plus que ça. Il cessa son travail ; il s'enferma ; Il lit et écrivit au-delà du supportable.

Mais un samedi de décembre, c'était une fin d'après-midi, alors que tous les papas et toutes les mamans convoquent le père Noël dans le grand magasin du bonheur, il vit, sur le rayon, le livre ouvert à la première page : 

" ceci est un manuel médical - à une différence près . Avant tout, il ne fait pas de distinction entre les peines affectives et les douleurs physiques ; vous pourrez trouver dans ces pages soigner un cœur brisé ou une jambe cassée. L'ouvrage traite également des situations courantes quotidiennes, telles que déménager, chercher l'âme sœur, ou traverser une crise de la quarantaine. Les plus grandes épreuves de la vie, par exemple perdre un être aimé ou devenir un parent célibataire, y ont aussi leur place....Ces pathologies méritent d'être soignées..."

Ce papa demeura dubitatif ; il acheta ce petit espoir, cependant.
Quelques années ont passé, point le chagrin - doux euphémisme.
Mais dans cet océan et ces espaces d'absolues violences, "remèdes littéraires..." lui apporta, parfois, quelques millièmes de secondes apaisantes. 
Ce fut peu, mais beaucoup en même temps. 

Michel BLAISE ©

mardi 2 juillet 2019

Mort contre la montre, Jorge Zepeda Patterson



                                                Policier


Au mois de juillet 2016, le Tour de « France » est terrifié : un assassin, caché au sein du peloton, menace les 198 concurrents.

Les favoris sont mis « hors d’état de nuire ». Steve Panata – le leadeur américain de La « Fonar », assisté de Marc Moreau, surnommé Annibal (1), son ami franco-colombien depuis 10 ans et « gregario » (2) de l’équipe - demeure le seul susceptible de gagner la course pour la cinquième fois consécutive.

La victoire des équipes favorites, rivales de la « Fonar », est compromise. Les soupçons se dirigent très vite en direction des leadeurs de quatre autres plus modestes susceptibles, toutefois, d’inquiéter Steve Panata.

Pour démasquer le coupable, garantir la loyauté de la compétition, Marc Moreaule narrateur, assiste - au cœur de l’organisation, durant les 21 étapes - l’inspecteur FavreAnnibal doit redoubler de sagacité : aider Steve à gagner, confondre le coupable résolu à voler la victoire ou, plus redoutable, à ruiner la crédibilité du Tour de France.

Le temps presse. Rencontres et discussions dérobées "agrémentent" les dessous du « Tour »Annibal et son "amante", Fiona, responsable technique de l’équipe, le colonel Lombard, son mentor, Ray, le journaliste et, bien entendu, l’inénarrable inspecteur Favre s’efforcent d’élucider le complot.
Tous les suspects ont un mobile ; l’enquête est laborieuse ; les hypothèses ne cessent de varier. De l’italien Matosas, désormais favori, à Steve lui-même, jusqu’au directeur sportif de l’équipe « "Fonar" », menacé de limogeage si Steve échoue ; tous seront un instant soupçonnés.

Annibal est-il aussi innocent qu’il n’y parait ? En effet, une autre réflexion le tourmente. Exploitera-t-il les circonstances pour trahir son ami, Steve : s’échapper, aux derniers instants décisifs de la compétition, à la conquête du maillot jaune ?