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mercredi 19 octobre 2022

L'illusion de mal, Piergiorgio Pulixi


         

                             Policier -Thriller - Littérature Italienne


(Chronique à venir)

Le bon père, Santiago Diaz


                             Policier- Thriller- Littérature espagnole


(Chronique à venir)

mercredi 17 février 2021

Le puits du fou, Joffrey Sinet (Lien vers Babelio)

 

                  

                                             Policier - Thriller psychologique

 « Il est préférable de guérir l’offense plutôt que de la venger. La vengeance prend beaucoup de temps, elle expose à bien des offenses ». (Sénèque)


Marc olivier Novak (Marco), le narrateur, ne vit que pour une atroce obsession, un projet effroyable et cynique - venger la mort de son fils. Robin était âgé de cinq ans lorsqu’il fut renversé par Frans Van Hagen, un chauffard en état d’ivresse qui prit la fuite après l’accident.

Le mariage et les relations sociales de Marco n’ont pas survécu au drame.

Frans est condamné à quinze ans d’emprisonnement. C’est insignifiant pour « ce fils de chien…. Quinze ans de taule pour avoir buté mon gosse…, et fauché trois vies… Que sont quinze ans de gnouf ? Une mascarade ! » (P.50).

Aussi, lorsque Frans est libéré, Marco met en œuvre une folle, démoniaque, et machiavélique entreprise de vengeance réfléchie et minutieusement préparée, durant quinze ans, à l’intention de « l’assassin » de son fils.

Joffrey Sinet est un écrivain publié en autoédition. Il enseigne le français et l’histoire en lycée professionnel. Épris de littérature, passionné plus particulièrement par les auteurs de romans policiers et de thrillers, « Le puits du fou » et son troisième ouvrage. (1)

Lorsque Joffrey Sinet choisit un narrateur interne pour relater son récit méphistophélique - en l’occurrence Marco, le personnage principal -, une plus-value est conférée conséquemment à son roman par l’amplification des émotions et l’identification du lecteur à celles-ci. Il serait faux de nier que c’est exactement ce à quoi aspire tout lecteur de romans - la décentration - ce mécanisme psychologique permettant d’oublier sa propre situation pour s’installer dans celle de quelqu’un d’autre, exprimée par : « je lis pour m’évader ».

Ainsi entendu, « Le puits du fou » est l’assurance d’une évasion et la promesse de suspense, d’horreurs, de malheurs et de sueurs froides.

Cela dit, le récit de Joffrey Sinet est-il strictement une fiction ? L’auteur et le narrateur ne se retrouvent-ils pas, à un instant du récit - la mort d’un enfant -, dans la réalité, quand d’autres situations ne seraient que fantasmées – comme l’exécution de la vengeance ? Certains propos de l’auteur, au chapitre des remerciements, permettent cette question qui n’est pas inutile eu égard à la nature de l’intrigue, de son intérêt et de sa portée également.

C’est pourquoi, « Le puits du fou » se place bien au-delà des polars ou des thrillers. Pour ces derniers, le caractère chimérique est assimilé par le lecteur qui, tout en frissonnant, sait qu’il se trouve « en territoire de fiction ». Alors, tous les bénéfices sont concentrés : divertissement - au sens pascalien - et frissons. La lecture du livre de Joffrey Sinet peut, de ce point de vue, se révéler moins confortable.

Pour autant, l’ensemble - une écriture irréprochable, des propos, des raisonnements, et des dialogues exquis, intelligents, jubilatoires, justes et saisissants de réalisme – offre de merveilleux et remarquables moments de lecture.

Je recommande vivement.

Bonne lecture.

Michel BLAISE ©


1 – Joffrey Sinet a également publié :
Prête-moi ta mort, 26 août 2020 – ISBN - 979-8679401020
Intrication, 8 avril 2020 – ISBN - 978-2957199518

jeudi 17 septembre 2020

Dix petits nègres, Agatha Christie




                                                           

                                                           Whodunit - Policier


Dix petits nègres "débaptisés".

Agatha,

Au fond, cette décision ne t’aurait pas choqué. Toi, qui, aussi bien dans ta vie personnelle que d’écrivain, n’as cessé de tricher. D’abord avec les codes du roman d’enquête : "le meurtre de Roger Ackroyd", le coupable ne doit jamais être le narrateur ; « le crime de l’Orient express " : on ne doit jamais, dans un whodunit, mettre en scène plusieurs coupables (ici, en l’occurrence, ils le sont tous) ; de même que les domestiques ne sont jamais des assassins, alors que souvent tu as usé et abusé du procédé.

Bref, chère Agatha, il semblerait... que ton arrière-petit-fils aurait autorisé, sans pression..., la modification du titre de ton roman, "Dix petits nègres ". Eh oui, on récolte toujours ce que l’on sème, même au fin fond de l’éternité.

L’hypocrisie et la malice, que tu as toujours fort bien mises en scène, notamment un jour lorsque mystérieusement et lâchement tu disparus, te rendent visite par-delà les morts.

Mais tu étais une femme libre, Agatha.

À ces traits, ajoutés à la trahison du whodunit par la violation de ses codes les plus élémentaires, que reste-t-il de toi ? : ton livre, peut-être le plus populaire, travesti par des ayatollahs de la pensée – « couvrez ce sein que je ne saurais voir » -, au profil de ceux, lobotomisés, qui, déjà depuis longtemps, ne savent plus penser et réfléchir !

Au fond, je dois les remercier, Agatha. Je réfléchissais au un titre de mon roman à paraître dans quelque temps. Le voici : « Dix petits nègres  » Celui-ci n’est-il pas libre, désormais ? Et de mon vivant, nul ne le débaptisera.

C’est une chronique quelque peu funèbre, Agatha. Certes. Mais avec la dépouille des soldats de l’an II, ceux de la résistance, de Colbert, de Jean Jaurès, de Picasso ou de Stefan Zweig et de tant d’autres - hommes et femmes politiques, résistants, poètes ou écrivains, mais tous épris de liberté -, je te souhaite de reposer en paix, Agatha.

Michel BLAISE ©


NB : Tous ceux qui agissent ainsi, qui agitent le spectre du racisme - que je n'ignore pas - sans en connaitre le sens exact sont les artisans d'un mouvement hygiéniste et indigéniste, mais qui sont racialistes eux-mêmes qui, malheureusement, excitent les masses incultes Parce que, dans ces conditions, c'est toute la littérature mondiale, pour ne citer que cet art et, plus particulièrement, la littérature française, qu'il faut réécrire : que penser de Flaubert qui, dans madame Bovary, emploi à l'envi le mot "nègre" et qui fait dire au personnage de" Lleureux" " Nous ne sommes pas des juifs".??.. Ces gens sont incapables de replacer les choses dans leur contexte parce qu'ils ne connaissent rien.

De bonnes raisons de mourir, Morgan Audic



Policier - Thriller

                            Voir la critique de Kirzy sur Babelio


 

Voici bien plus qu'un formidable polar.


La région de Tchernobyl, trente ans après l'effroyable catastrophe du 26 avril 1986, est devenue une attraction pittoresque. À Pripiat - ville à jamais désertée, toute proche du fatal réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire - sous le regard épouvanté de tout un bus bondé de touristes baltes et occidentaux, l'inspecteur Joseph Melnyk et sa partenaire, Galina Novak, fraiche émoulue de l'école de police, décrochent le corps d'un homme suspendu à la façade d'immeuble. Dans le bâtiment, Melnyk découvre de nombreux oiseaux récemment empaillés. La victime, Léonid Sokolov, est le fils d'un ancien ministre ukrainien des années 1980. Ce dernier, richissime et exilé en Russie, a une confiance limitée dans la police de Kiev. Aussi, il s'approprie, à grand renfort de dollars, les services l'inspecteur de police moscovite, Alexandre Rybalko, afin qu'il trouve l'assassin de son fils. C'est donc parallèlement que les deux policiers vont enquêter sur cette terre dévastée et d'exclusion de Tchernobyl sur laquelle tout est interdit et « permis », en même temps : pillages, trafics ou violences en tout genre.

Ce polar est absolument génial. D'abord, deux hommes très différents, aussi bien par leur histoire que par leurs motivations, mais également fascinants, attachants et intenses. Mais surtout parce que cette « chasse » en terrain défendu est fascinante et saisissante de réalisme, je vous jure que c'est la pure réalité : la zone d'exclusion et ses habitants clandestins, l'affolement perpétuel des compteurs Geiger, le pillage des habitations abandonnées, le trafic du matériel irradié, des poupées d'enfant désarticulées que l'on trouve encore sur le bitume, des chiens errants, dont on se demande ce qui leur reste de domestique et si l'on ajoute à tout ça un tueur cinglé et empailleur, l'on obtient « de bonnes raisons de mourir » de Morgan Audic (Albin Michel,2019).

 

         Michel BLAISE ©

        

          


 

mardi 9 juin 2020

En lieu sûr, Ryan Gattis



                                                             Policier-Thriller




Dès le début du livre, je compris que Ryan Gattis n'est pas un auteur inepte, mais que « En lieu sûr », son dernier ouvrage édité, en France, par fayard et tout récemment par Le livre de Poche - sélectionné pour concourir pour Prix de Lecteurs 2020 - ne me plairait pas.

Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur – le temps est de l'argent – et cédant à ma détermination de cesser toute lecture ne me procurant ni plaisir, ni érudition, les deux à la fois autant que possible, je décidai de lire le livre jusqu'au bout.

Sur le fond : après la lecture de « 3 secondes » de Roslund et Hellström, une histoire d'infiltré, ou presque, était la promesse d'une lecture séduisante. Mais, il ne suffit pas d'inventer une histoire, même bien fichue ou efficace - j'émets quelques réserves, cependant, sur ce point – pour faire un bon livre.

La forme : et oui la forme ! Parce que trop d'auteurs de romans policiers pensent pouvoir s'en affranchir pour rendre un bon roman policier pensant de telle façon que celui-ci serait le pauvre de la littérature.

Est-ce à dire que « en lieu sûr » est mal écrit ? Pas exactement. Rien de comparable avec les niaiseries ou insipidités de quelques auteurs au succès une fois l'année (Guillaume MussoMarc Levy) ou tous les 10 ans (Joël Dicker). Mais « merde », « ta gueule » toutes les 10 lignes, toutes les 3 pages, des phrases psychédéliques construites sans un sujet, un verbe et un complément – plus particulièrement lorsque le narrateur choisit une focalisation interne à la première personne – je ne supporte plus et, «toussa, toussa », ruine mon plaisir de lecture.

Puisqu'il faut décider d'une note, mais que je ne suis pas professeur « es qualité d'un ouvrage », celle-ci ne reflètera que ma seule opinion.

Je ne déconseille pas ce livre, mais je ne le recommande pas.

Bonne lecture.

Michel BLAISE ©

vendredi 8 mai 2020

Malamorte, Antoine Albertini








                                                                                                            Policier





En Corse, près de Bastia. Mohamed Cherkaoui tire sur sa femme et sa fille de cinq ans. Celles-ci sont mortellement touchées. Puis, il tente, en vain, de suicider. Qui, par ailleurs, assassine, sur le sentier des Crêtes, plusieurs randonneuses ?

De retour sur son île natale, affecté au BHS - le Bureau des Affaires Simples - en conséquence d’une sanction disciplinaire, un obscur capitaine de police sans nom ni prénom, le narrateur enquêteur, agit en solitaire pourchassé par un passé assidument présent, et s’efforce d’élucider les deux enquêtes nonobstant la condescendance de ses collègues et le peu de disposition de la hiérarchie à son égard dans une oasis de compromissions, de trafics d’influence et de corruptions commis aussi bien par d’importants entrepreneurs que par le pouvoir exécutif et l’administration policière locaux.


Toutefois en raison de liens affectifs, persuadé de ses compétences professionnelles, Lou Girardi, chef de la section criminelle, impose le capitaine pour enquêter sur ces crimes. C’est au prix d’une détermination inébranlable que celui-ci confondra les coupables au moyen de solutions parfois peu orthodoxes.


Mais sur l’ile de beauté, les coupables aussi bien que les innocents demeurent parfois fort marris…

mardi 11 février 2020

Présumée disparue, Susie Steiner







Un dimanche aux alentours de 20 heures, à quelques jours de noël, Édith Hind, jeune étudiante de bonne famille, « écolo bobo », a disparu. Son ami, Will Carter, de retour de week-end de chez sa mère, trouve l'appartement en désordre avec pour seuls indices : quelques traces de sang. Edith a laissé son téléphone, ses clefs ainsi que toutes ses affaires personnelles. Will prévient les parents d'Édith - le père, Sir Ian Hind, médecin de la famille royale et Miriam Hind, féministe à « temps perdu », néanmoins toute dévouée à son époux…


Manon Bradshaw, sa collègue Harriet, davantage pipelettes que policiers, l'insipide Davy et autres « sous-verges », sous la tutelle du prudent Stanton et la pression des médias et de Sir Hind, s'efforcent de retrouver Edith. Mais déjà plus d'une semaine s'est écoulée, lorsque…


Présumée disparue est le deuxième roman de Susie Steiner, mais le premier lequel apparait le personnage de Manon Bradshaw. L'auteur, aujourd'hui romancier, a travaillé, durant vingt années, au quotidien britannique « The Guardian » qui, évidemment, écrit : « On vous met au défi de ne pas tomber sous le charme.  »


Un bon roman, en général, et un bon roman policier, plus particulièrement, est celui dont l'intrigue - que bien souvent le lecteur oubliera – se met au service de la qualité des personnages ; elle n'est qu'un prétexte. Il en est de même pour les dialogues et la narration : les personnages font l'histoire ; les dialogues font les personnages. Donner une vie à un personnage dépend de la connaissance préalable et approfondie de ce personnage, complétée par une compréhension des fonctions des dialogues et de l'utilisation sélective des détails narratifs. Or rien de tout cela, c'est même tout le contraire, n'apparait dans le roman de Susie Steiner.



L'intrigue est d'une platitude injurieuse pour le lecteur. L'auteur s'est-elle souvenue, dans son désir d'écriture égotique surdimensionnée, qu'elle a fait la promesse de rendre un policier/triller ? À chaque fois qu'elle introduit péniblement une phrase, un paragraphe, une page – et, oh ! Miracle, un chapitre et quelques dialogues – s'ensuivent immédiatement des considérations sans aucun intérêt ni au service de l'intrigue, ni pour quoi que ce soit d'autre au demeurant. L'auteur a voulu faire croire, ou l'a-t-il crû, être exercé à l'écriture d'un policier social ou sociétal ou, tout simplement, pour la beauté du style littéraire. Eh bien non. On ne s'improvise pas Elena Piacentini ou Fred Vargas par la seule volonté.



Parce qu'au-delà de l'intrigue, poussive, fade et ennuyeuse à mourir, les personnages, dont évidemment celui de Manon, sont mal travaillés et donc mauvais. Que retient-on de ce policier :

- que Manon a 39 ans,

- qu'elle drague sur Internet et ment sur son âge (35 ans), quelle originalité aujourd'hui…

- qu'elle rencontre « un poète qui fait des rimes » (sic) exposé par l'auteur et son narrateur (est-ce la faute du traducteur ?) qui procède par pléonasmes qui n'ont aucun sens ni poétique, ni significatif, bref qui ne veut rien dire ex : « un silence mutique »,

- qu'elle a des problèmes à un œil … Très bien…

Bref, l'intrigue et les personnages ne présentent strictement aucun intérêt. Ils sont terriblement ennuyeux ; sur la forme le livre est très mal écrit.



Je déconseille ce roman aux amateurs de policiers/thrillers de qualité.

Michel BLAISE 

vendredi 17 janvier 2020

Le mystère des frères siamois, Ellery Queen


                                                    Policier - enquête - intrigue - whodunuit


Ellery Queen et son père l'inspecteur Richard Queen de la brigade criminelle de New York sont de retour du Canada. Cernés par un incendie de forêt, ils sont contraints de quitter la route principale pour emprunter un chemin menant nulle part. Au terme d'un parcours parsemé d'embuches, au cours duquel ils croisent un véhicule conduit par un homme au comportement étrange, ils parviennent devant la demeure insolite du docteur Xavier qui leur offre l'hospitalité pour la nuit. Au cours de la soirée, ils rencontrent les neuf autres habitants et résidents qui montrent tous d'étranges comportements.

Au moment de rejoindre sa chambre, l'inspecteur Queen est terrifié à la suite de la vision, au fond du couloir, d'une masse informe et inhumaine. Le lendemain matin, le docteur Xavier est retrouvé mort assassiné, la moitié d'une carte déchirée dans la main droite : le six de pique.


L'incendie progresse dangereusement et menace la demeure et ses hôtes. Ceux-ci sont épuisés et démoralisés : « en même temps la présence parmi eux d'un sanglant assassin n'arrivait pas à leur faire oublier la menace bien plus terrible qui s'avançait vers dans la forêt… C'est qu'ils avaient peur d'être seuls, peur les uns des autres, peur du silence, peur du feu ». (P. 255, 256).

La police est empêchée de se déplacer pour enquêter par suite de l'incendie. L'inspecteur Queen et Ellery, mènent alors l'enquête dans une ambiance caniculaire. Après moult hésitations et accusations erronées, mais au terme d'une déduction d'une logique impitoyable, alors que les flammes sont sur le point de les consumer tous, Ellery, in extremis, finit par confondre le ou la coupable.


Ellery Queen est, à la fois, le pseudonyme de deux auteurs américains, cousins par alliance -  Frédéric Dannay (1905-1982) et Manfred B. Lee (1905-1971) - et le nom du héros, l'enquêteur détective, « Ellery », dans la série des romans « mystère ». Il y a plusieurs périodes dans le « cycle Ellery Queen  » ; elles sont toutes unies par le même dénominateur : le roman policier et, plus particulièrement, le roman policier d'enquête. Précédant JOHN DICKSON CARR Ellery Queen est la référence des auteurs américains de whodunit (1) au 20ème siècle. Les romans, les nouvelles ou les anthologies des deux cousins, qui ont écrit parfois sous un autre pseudonyme, mais toujours dans la catégorie « intrigues policières », constituent une œuvre de plus de quatre-vingts ouvrages. Malheureusement, tous ne sont pas traduits en français (3) ; or une maitrise parfaite de l'anglais s'impose pour une lecture idéale de ce style de récits dans le texte. « Le mystère des frères siamois » est le premier roman de la série traduit.

Ellery est un dandy truculent, singulier et excentrique capable d'élucider comme nul autre - au côté de son père, l'inspecteur Richard Queen de la brigade criminelle de New York - grâce à sa science et à ses hautes capacités d'observation et de déduction, les enquêtes les plus ardues qui défient la logique ; un véritable personnage crée en laboratoire : distrait et tête en l'air, mais capable d'éclairs de génie au moment où l'on ne s'y attend pas. Très grand, il mesure près de deux mètres, les cheveux bruns, il porte parfois des lunettes. Il vit encore avec son père dans un petit appartement de Manhattan à New York où il passe son temps entre l'écriture de romans policiers et la participation aux enquêtes de son père.


Toutes les enquêtes d'Ellery sont absolument jouissives. Avec maestria, l'auteur associe le lecteur à l'enquête en le défiant de résoudre celle-ci à l'aide d'indices, vrais ou insignifiants, dévoilés tout le long d'un récit où le suspense est omniprésent. Les décors et les ambiances, constamment en milieu clos, sont toujours singuliers et excitants ; les personnages sont insolites et troublants.

Avant de révéler l'énigme, le récit s'interrompt afin que l'on puisse formuler une hypothèse avant qu'Ellery donne la solution : « – je vous préviens…que je vais vous exposer probablement l'affaire la plus extraordinaire du crime prétendument parfait.  » (P.271).


C'est un jeu littéraire sensationnel magistralement orchestré. Les livres d'Ellery Queen appartiennent à ceux dont on a hâte de reprendre la lecture quand on a dû interrompre celle-ci.


À ceux affirmant que l'intrigue serait un peu « tirée par les cheveux »  il convient de répondre que le principe du whodunit n'est pas de raconter un fait divers, réel ou fictionnel, à l'origine d'une enquête policière traditionnelle telle que nous la comprenons communément ; il n'est pas un thriller ou un roman noir non plus. Le whodunit est un genre bien particulier de la littérature policière (1). L'enquête s'apparente à jeu intellectuel où le sens de la logique rigoureuse du lecteur, presque mathématique, est mis à l'épreuve (2). Le contexte de l'intrigue les décors et paysages ou bien encore les personnages ne sont que le prétexte à celui-ci.


Et, il serait inopportun, pour apprécier la valeur d'Ellery Queen, de le comparer à Agatha Christie – ce que fait une certaine critique mal informée – dont les romans sont loin d'être tous des whodunit proprement dits et ceux qui le sont s'affranchissent quelquefois des règles les plus élémentaires du whodunit. (Narrateur/domestiques/enquêteurs coupables ; pluralité de criminels, etc.). Agatha Christie, aussi remarquable qu'elle soit, n'est pas, pour autant, « La reine du crime » !

En un mot comme en cent, Ellery est excellent ; il n'a rien à envier à Hercule Poirot. Ses enquêtes sont des réjouissances qui se dégustent avec une tasse de thé.


Bonne lecture,


Michel BLAISE ©


1) le whodunit - contraction de « Who done it ? « Qui l'a fait ?  » - est devenu synonyme du roman d'énigme classique du début du XXe siècle, appelé aussi roman problème ou roman jeu. Ce roman de détection est une forme complexe du roman policier dans laquelle la structure de l'énigme et sa résolution sont les facteurs prédominants. Au cours du récit, des indices sont fournis au lecteur qui est invité à déduire l'identité du criminel avant que la solution ne soit révélée dans les dernières pages. L'enquête est fréquemment menée par un détective amateur plus ou moins excentrique, par un détective semi-professionnel, voire par un inspecteur de la police officielle.


Le roman de type « mystère en chambre close » est une forme particulière de « whodunit » et renvoie à une énigme où la victime aurait été tuée ou agressée dans un local apparemment étanche dont le coupable se serait échappé de façon irrationnelle.


En principe, le lecteur doit disposer des mêmes indices que l'enquêteur et donc des mêmes chances que lui de résoudre l'énigme, l'intérêt principal de ce genre de romans étant de pouvoir y parvenir avant le héros de l'histoire. (Source Wikipédia).


2) Il y a dans ce billet un indice pour résoudre l'énigme du « mystère des frères siamois » ……


3) Il est regrettable que les éditions archipoches, qui republient en français les certaines enquêtes d'Ellery Queen, méprisent autant ses lecteurs. Les traductions sont parfois approximatives, ruinées par des fautes d'orthographe et, parfois même, par des contresens ou phrases sans queue ni tête et illisibles. (Le mystère des frères siamois, nouvellement réédité, est, cette fois-ci, correct).

J'ai interrogé l'éditeur – Archipoche - sur ce problème. Voici sa réponse édifiante:

« Bonjour cher Monsieur,

Merci de votre attention pour nos éditions.

Vous retrouverez ici la totalité des titres traduits : http://www.archipoche.com/page-auteur/?id=104024

Je vous laisse vous faire votre propre avis via Babélio, site sur lequel nous avons proposé la lecture de ces romans ».

Nous ne pouvons pas retraduire comme nous le souhaitons le texte original malheureusement. Cela ne nous incombe guère.

Bonne journée, »

Merci pour cet aveu, mais avec le décodeur, je comprends : « Allez-vous faire voir !  ».

Quand on ne peut pas retraduire, on s'abstient de publier n'importe quoi en toute connaissance de cause !

                                          

dimanche 22 décembre 2019

Le mystère de la chambre jaune, Gaston Leroux

                                             
                                        Policier - enquête - intrigue - whodunit

« Le mystère de la chambre » jaune est un roman policier de Gaston Leroux (1868 - 1927), paru en 1907, écrit selon le mode du roman d'enquête. Il s'agit de la première aventure et enquête du jeune reporter Joseph Rouletabille.



Le principe est celui du crime « en chambre close ». La fille du professeur Stangerson est victime d'une violente agression alors qu'elle est enfermée dans sa chambre au château du Glandier. Si la jeune femme échappe à la mort, le mystère demeure entier : le coupable n'a pu matériellement s'échapper de la chambre : les fenêtres sont condamnées ; il n'existe aucun passage secret ni aucune autre issue. Le jeune détective Rouletabille parvient à pénétrer dans le domaine et résout le mystère.

Ce roman est un monument de la littérature policière d'enquête française. Son aspect théâtral, l'élégance avec laquelle le suspense, sur plus de quatre cents pages, est assuré sans relâche - les scènes successives qui soutiennent et font rebondir sans cesse l'intrigue au moyen d'une succession de mystères imbriqués les uns aux autres font de ce livre, à mon sens, la référence du genre policier de détective. À cela s'ajoute le fait que Gaston Leroux invente une enquête parfaitement cohérente et dénuée d'invraisemblances. L'on saisit immédiatement toute la portée de la promesse de l'auteur de nous tenir en haleine, sans aucun répit, dès les premiers mots du narrateur :



« Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu'à ce jour, s'y était si formellement opposé que j'avais fini par désespérer de ne jamais publier l'histoire policière la plus curieuse de ces quinze dernières années…  »

En outre, l'écriture est admirable. L'on se délecte de la poésie des personnages, des lieux et des dialogues. Ainsi, et par exemple, « le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat », la phrase, demeurée célèbre, qui permet à Rouletabille de résoudre le mystère…

C'est par la lecture du « mystère de la chambre jaune » que l'on peut et doit découvrir le roman policier d'enquête et de détective, au sens où le lecteur est associé à la résolution de l'enquête (le whodunit). Aucun autre roman, du même genre, ne captive, à ce point, de bout en bout.



Bonne lecture,

Michel BLAISE©

mercredi 27 novembre 2019

La tentation de la vague, Alain SCHMOLL

                                                 Policier - Intrigue 


Werner Jonquart est né d'une famille de riches industriels laitiers implantée en Suisse, au bord du lac Léman. Moyennant la générosité de ses parents, il pallie ainsi le manque de clientèle de sa société de consultant d'entreprises à Paris. À la faveur d'une visite à sa famille, il est informé de la grave maladie dont souffre son père et des problèmes financiers importants qui menacent la pérennité du groupe familial. Il doit prendre une décision essentielle : succéder à son père afin de redresser la société ou poursuivre sa vie de bohème à Paris.

Romain est un militant de l'extrême gauche radicale. Il a été formé à Cuba au sein de mouvements de luttes révolutionnaires clandestines. Mais contraint de rentrer en France - par la suite de la découverte de sa relation avec Julia, activiste également - il fonde aux côtés de celle-ci, désormais sa compagne, un mouvement politique révolutionnaire à Paris. Très soucieux de demeurer dans l'ombre, il recrute Greg, jeune beau et charismatique, chargé de le représenter publiquement et de mettre en oeuvre les idées du parti. Mais considérant les élans révolutionnaires de Romain très affaiblis, Greg ambitionne très vite de prendre sa place à la tête du mouvement, mais également dans la vie de Julia.

À l'occasion d'une manifestation particulièrement violente, à laquelle Greg et des membres du mouvement de Romain participent, un homme est tué dans des conditions étranges et inexpliquées. Est-ce la conséquence d'une bavure policière ? Pourquoi Romain souhaite-il à rester dans l'ombre du mouvement révolutionnaire qu'il a créé ?

Tels sont les enjeux et les intrigues du premier roman d'Alain SCHMOLL, dirigeant d'entreprises, "la tentation de la vague », paru, en 2019, aux éditions L Harmattan.

l est peu aisé de donner un avis très tranché à propos de la fiction d'Alain SCHMOLL. le suspense et les rebondissements trouvent incontestablement leur place au sein de cette intrigue originale et très bien pensée. Mais le récit, dont il faut souligner qu'il est le premier de l'auteur, est très inégal à plusieurs égards.

L'architecture d'ensemble heurte par son manque de cohérence et d'harmonie. Non pas de façon strictement formelle - en ce sens que les deux parties qui le composent sont disproportionnées, en tant que tel ce n'est pas un problème si le roman le justifie - mais sur le fond, elle révèle bien d'autres défauts. Dans la première partie, l'auteur alterne, respectivement et alternativement, les récits de Werner et de Romain. À cet égard, Alain SCHMOLL a très judicieusement employé un statut narratif différent - la première personne pour l'un, la troisième pour l'autre - que justifie l'intrigue et, mieux encore, qui sert celle-ci. Cependant, la seconde partie n'en est pas véritablement une au sein d'un ensemble homogène que requiert la construction d'un roman. Elle semble être une suite de l'histoire des protagonistes Ainsi, après avoir révélé, d'une part, le choix de Werner au regard de la direction de société familiale et, d'autre part, les raisons de la clandestinité de Romain au sein de son propre mouvement – et l'on comprend ainsi la mise en parallèle du destin des deux personnages – l'auteur leur permet de se retrouver (au sens littéral) y tirant le bénéfice pour résoudre l'énigme de la mort du malheureux manifestant. Mais, pour autant, les deux parties ne peuvent s'exclure l'une de l'autre. À méditer…

À partir de là, certains défauts de fond devenaient inéluctables. L'histoire peine à prospérer, son évolution est souvent laborieuse. Elle est, parfois, affaiblie par de trop nombreuses et longues digressions financières et économiques concernant la société Jonquart indifférentes à l'évolution de l'intrigue ainsi que de narrations à propos des partenaires différentes de Werner – la lecture du roman permettra de comprendre pourquoi celui-ci et Julia se sont, à un moment donné, perdus de vue. Les descriptions et digressions de faits ou de situations sont toujours les bienvenues quand elles permettent de construire les personnages, les décors ou le paysage du roman ; elles ruinent, en revanche, l'intérêt de celui-ci quand elles ne se justifient que pour et par elles-mêmes.

Les personnages précisément. Il s'agit d'un aspect parfaitement réussi dans le roman. Plus particulièrement celui de Werner, mais de Romain également. Leurs défauts, leurs doutes et leur évolution tout au long du récit leur permettent de dominer celui-ci et de se souvenir d'eux après avoir refermé le livre.

En revanche, si l'écriture est limpide, elle n'est pas toujours très bien maîtrisée. de trop nombreuses fautes de style, de syntaxe, parfois même d'orthographe sont à déplorer. La recherche du mot juste, qui doit traduire avec précision la pensée du narrateur, n'est pas toujours effectuée avec vigilance.

Pour conclure « la tentation de la vague » n'est pas un mauvais roman, loin de là, mais très inégal et surtout perfectible. L'on passe, grâce à une intrigue incontestablement habile et intelligente, d'instants de lecture très captivants, mais aussi quelquefois ennuyeux. C'est dommage car Alain SCHMOLL n'a pas choisi la facilité propre à quantité d'auteurs qui encombrent trop souvent de leurs livres les rayons des librairies.

C'est donc sans aucune réserve que je conseille la lecture de « la tentation de la vague », d'Alain SCHMOLL.
Bonne lecture,

Michel BLAISE ©