mardi 11 février 2020

Présumée disparue, Susie Steiner







Un dimanche aux alentours de 20 heures, à quelques jours de noël, Édith Hind, jeune étudiante de bonne famille, « écolo bobo », a disparu. Son ami, Will Carter, de retour de week-end de chez sa mère, trouve l'appartement en désordre avec pour seuls indices : quelques traces de sang. Edith a laissé son téléphone, ses clefs ainsi que toutes ses affaires personnelles. Will prévient les parents d'Édith - le père, Sir Ian Hind, médecin de la famille royale et Miriam Hind, féministe à « temps perdu », néanmoins toute dévouée à son époux…


Manon Bradshaw, sa collègue Harriet, davantage pipelettes que policiers, l'insipide Davy et autres « sous-verges », sous la tutelle du prudent Stanton et la pression des médias et de Sir Hind, s'efforcent de retrouver Edith. Mais déjà plus d'une semaine s'est écoulée, lorsque…


Présumée disparue est le deuxième roman de Susie Steiner, mais le premier lequel apparait le personnage de Manon Bradshaw. L'auteur, aujourd'hui romancier, a travaillé, durant vingt années, au quotidien britannique « The Guardian » qui, évidemment, écrit : « On vous met au défi de ne pas tomber sous le charme.  »


Un bon roman, en général, et un bon roman policier, plus particulièrement, est celui dont l'intrigue - que bien souvent le lecteur oubliera – se met au service de la qualité des personnages ; elle n'est qu'un prétexte. Il en est de même pour les dialogues et la narration : les personnages font l'histoire ; les dialogues font les personnages. Donner une vie à un personnage dépend de la connaissance préalable et approfondie de ce personnage, complétée par une compréhension des fonctions des dialogues et de l'utilisation sélective des détails narratifs. Or rien de tout cela, c'est même tout le contraire, n'apparait dans le roman de Susie Steiner.



L'intrigue est d'une platitude injurieuse pour le lecteur. L'auteur s'est-elle souvenue, dans son désir d'écriture égotique surdimensionnée, qu'elle a fait la promesse de rendre un policier/triller ? À chaque fois qu'elle introduit péniblement une phrase, un paragraphe, une page – et, oh ! Miracle, un chapitre et quelques dialogues – s'ensuivent immédiatement des considérations sans aucun intérêt ni au service de l'intrigue, ni pour quoi que ce soit d'autre au demeurant. L'auteur a voulu faire croire, ou l'a-t-il crû, être exercé à l'écriture d'un policier social ou sociétal ou, tout simplement, pour la beauté du style littéraire. Eh bien non. On ne s'improvise pas Elena Piacentini ou Fred Vargas par la seule volonté.



Parce qu'au-delà de l'intrigue, poussive, fade et ennuyeuse à mourir, les personnages, dont évidemment celui de Manon, sont mal travaillés et donc mauvais. Que retient-on de ce policier :

- que Manon a 39 ans,

- qu'elle drague sur Internet et ment sur son âge (35 ans), quelle originalité aujourd'hui…

- qu'elle rencontre « un poète qui fait des rimes » (sic) exposé par l'auteur et son narrateur (est-ce la faute du traducteur ?) qui procède par pléonasmes qui n'ont aucun sens ni poétique, ni significatif, bref qui ne veut rien dire ex : « un silence mutique »,

- qu'elle a des problèmes à un œil … Très bien…

Bref, l'intrigue et les personnages ne présentent strictement aucun intérêt. Ils sont terriblement ennuyeux ; sur la forme le livre est très mal écrit.



Je déconseille ce roman aux amateurs de policiers/thrillers de qualité.

Michel BLAISE 

2 commentaires:

  1. Je note mon très cher Michel que ce thriller n'a rien de mémorable mais à mon tour de vous "étriller" gentiment sur l'absence de féminisation de certains mots de votre chronique. Un policier au féminin est une policière ou une enquêtrice SANS que cela soit un gros mot. Tout comme Suzie Steiner vous a certainement fâché avec ce roman inabouti mais elle n'est demeure pas moins femme et donc romancière/auteure/autrice... à moins que le mot masculin "auteur" soit réservé aux autrices qui échouent à être convaincantes ? Ou alors vous l’ayez fait exprès pour vous assurer que vos lectrices lisent bien vos chroniques jusqu'au bout ;-)

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    1. Bonsoir Emma,

      Votre commentaire est publié. Point de censure, mais c'est volontaire, effectivement.

      Pas de féminisation des fonctions ni des noms à outrance, telle cette limousine que je vis sur la plus belle place de Limoges et dont je pris plaisir à caresser le derrière - voyez la confusion si je ne vous dis pas qu'il s'agit du modèle de la voiture que je préfère - et pour satisfaire aux vœux et aux souhaits de madame Le secrétaire perpétuel de l'Académie française. De même dîtes vous un mannequin/une manequinne ?..

      La générale est la femme du général ; madame Le général est la gradée de l'armée.

      Amicalement

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