jeudi 11 juin 2020

L'intelligence collective, Joseph Henrich






« C'est la culture qui nous rend intelligents » (Joseph Henrich)

Ils sont innombrables les ouvrages sur l'intelligence humaine comparée à celle de l'animal (l'éthologie). Mais rares sont les auteurs, comme Joseph Henrich qui a compris et démontre magistralement que ce n'est pas parce que « l'Homme est un animal raisonnable » (Aristote) qu'il dispose de tous les outils, méthodes ou savoir-faire. C'est parce qu'il a culturellement développé un large répertoire d'outils, de concepts, de savoir-faire et de méthodes qu'il est intelligent.

C'est, au fond, la culture qui le rend intelligent. Celle-ci s'accumule au fil des générations et, au bout du processus, on finit par envoyer une fusée sur la Lune.

Henrich, qui dirige le département de biologie évolutive humaine de l'université Harvard, illustre son propos de façon très convaincante.

« Les racines de manioc contiennent du cyanure. Or, dans les Amériques, des sociétés qui s'en nourrissent depuis des millénaires, elles ne présentent aucun cas d'intoxication. Pourquoi ? Parce qu'elles ont mis au point des techniques complexes de transformation, comportant des étapes nombreuses et qui peuvent paraitre fastidieuses … Une fois isolé, ce liquide est mis à bouillir et transformé en boisson ; les fibres et l'amidon sont mis de côté pendant deux jours supplémentaires … Un individu peut être tenté de simplifier cette longue procédure et se contenter, par exemple, de faire bouillir le manioc. Or si cela réduit l'amertume et empêche les symptômes aigus, cela n'élimine pas suffisamment le cyanure et on s'expose à une intoxication chronique. Souvent, la plupart voire la totalité des individus qui manifestent un grand savoir-faire dans l'application de ces pratiques adaptatives ne savent ni comment ni pourquoi elles fonctionnent.
Cette opacité causale de nombreuses adaptations culturelles a des effets très importants sur notre psychologie : nous sommes programmés pour avoir foi dans le savoir qu'on nous transmet. »

Ainsi, la prochaine fois que vous direz « ok gogole » (Google, pour les puristes) à votre smartphone, pensez à Joseph Henrich et à ses travaux.

Je conseille l'excellente interview de l'auteur dans le magazine « Books », juin 2020 n°108.

Bonne lecture,


Miche BLAISE ©



mardi 9 juin 2020

En lieu sûr, Ryan Gattis



                                                             Policier-Thriller




Dès le début du livre, je compris que Ryan Gattis n'est pas un auteur inepte, mais que « En lieu sûr », son dernier ouvrage édité, en France, par fayard et tout récemment par Le livre de Poche - sélectionné pour concourir pour Prix de Lecteurs 2020 - ne me plairait pas.

Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur – le temps est de l'argent – et cédant à ma détermination de cesser toute lecture ne me procurant ni plaisir, ni érudition, les deux à la fois autant que possible, je décidai de lire le livre jusqu'au bout.

Sur le fond : après la lecture de « 3 secondes » de Roslund et Hellström, une histoire d'infiltré, ou presque, était la promesse d'une lecture séduisante. Mais, il ne suffit pas d'inventer une histoire, même bien fichue ou efficace - j'émets quelques réserves, cependant, sur ce point – pour faire un bon livre.

La forme : et oui la forme ! Parce que trop d'auteurs de romans policiers pensent pouvoir s'en affranchir pour rendre un bon roman policier pensant de telle façon que celui-ci serait le pauvre de la littérature.

Est-ce à dire que « en lieu sûr » est mal écrit ? Pas exactement. Rien de comparable avec les niaiseries ou insipidités de quelques auteurs au succès une fois l'année (Guillaume MussoMarc Levy) ou tous les 10 ans (Joël Dicker). Mais « merde », « ta gueule » toutes les 10 lignes, toutes les 3 pages, des phrases psychédéliques construites sans un sujet, un verbe et un complément – plus particulièrement lorsque le narrateur choisit une focalisation interne à la première personne – je ne supporte plus et, «toussa, toussa », ruine mon plaisir de lecture.

Puisqu'il faut décider d'une note, mais que je ne suis pas professeur « es qualité d'un ouvrage », celle-ci ne reflètera que ma seule opinion.

Je ne déconseille pas ce livre, mais je ne le recommande pas.

Bonne lecture.

Michel BLAISE ©