Quand la réalité dépasse la fiction...
Enquête - journalisme - policier - suspens
Le 14 novembre 2014 à 8 heures 30, Eric Deguide quitte le
domicile d’Emily. Puis, il disparaît. Que cache ce professeur de droit
international Belge trentenaire, à l’esprit aussi brillant qu’impulsif et
imprévisible ? Seule certitude, son véhicule est retrouvé abandonné dans
le parking de l’aéroport de Zaventem, alors qu’aucune caméra de surveillance ne
l’y a vu entrer. Pour autant, la police est convaincue de son départ précipité
et définitif : pour les enquêteurs, Deguide a abandonné son travail, ses
collègues et sa compagne, Emily.
Emily…
Obsédée par les chiffres et les nombres jusqu’à la monomanie,
celle-ci demeure dans l’incertitude durant 614 jours, deux années pendant
lesquelles elle ne cesse de « ressasser » la dernière journée d’Eric,
d’espérer… En vain, nonobstant quelques espoirs nés de la rencontre avec le
très sulfureux Michel, webmaster d’un site dédié aux personnes disparues.
Alain Lallemand, journaliste au quotidien d’investigation belge « le
Soir », secondé par l’inénarrable Fred, s’intéresse à cette affaire :
il a connu Eric par le passé. Sa détermination à tenter d’élucider cette
affaire est d’autant plus vive lorsque Eric réapparaît….
« Un jour comme les autres »,
publié aux éditions Hervé CHOPIN, est le quinzième « roman » de Paul Colize, vivant à Waterloo.
L’auteur a reçu de nombreuses et prestigieuses récompenses, exhortant à relever
la qualité de celui-ci : prix Landerneau du Polar (Lauréat), prix Polars
Pourpres et Boulevards de l’Imaginaire, prix Arsène Lupin, Grand Prix de la
littérature policière… Auteur aux multiples facettes, sa diversité traduit un
travail important d’investigation : Zanzara (le journalisme, où apparaît
déjà Alain Lallemand), un parfum d’amertume (le polar de détective), un long
moment de silence (l’enquête historique)…
Il est peu aisé d’assigner péremptoirement un genre à cet
ouvrage : policier d’enquête, de victime…Mais il est évident que ce récit
se situe à la périphérie de la « Littérature ». Les lettres de
Massimo, « personnage secondaire », en sont le témoignage par
exemple :
« …ce
matin, le lac était enveloppé de cette brume qui apeurait votre chien ;
Vos visites me manquent. Nos rencontres me comblaient d’un bien-être
jusqu’alors ignoré. Je vous revois, vous agitant…passant du rire aux larmes,
vous moquant avec attendrissement de mes silences, bousculant sans le savoir
mes plus intimes convictions… » (P.175).
Paul Colize crée une enquête parfaitement maîtrisée - dont l’intrigue
policière, soumise à la perspicacité du lecteur - n’est qu’un prétexte à la
narration et à la dénonciation de scandales géopolitiques d’une éclatante
actualité. Dans ce contexte, l’auteur met en exergue le rôle difficile et bien
compris des lanceurs d’alerte et des journalistes d’investigation en soulignant,
pour ces derniers, l’importance d’un travail rigoureux. Colize ne cache pas la
réalité de la plupart de ses personnages, Alain Lallemand plus
particulièrement, journaliste d’investigation au « Soir » et
romancier.
C’est avec une maîtrise exceptionnelle de la langue française –
de plus en plus délaissée dans la littérature de ce genre - que Colize nous propose un
« roman » précis, au moyen d’une documentation recherchée, servi par
une intrigue très aboutie et addictive.
L’originalité du récit, structuré sur le modèle d’un opéra en quatre actes –
réside dans sa construction « journalistique ». L’auteur déroule la
trame, sur plus de 400 pages, élaborée au moyen de très courts chapitres qui
pourraient constituer un « dossier de presse sous forme de puzzle ».
Cet ouvrage n’est pas un documentaire, mais un « roman », tout au
moins dans sa forme, destiné à satisfaire le besoin de suspens du lecteur…
L’auteur y parvient magistralement.
Les personnages, principaux ou secondaires, sont très travaillés
et gorgés de richesse : attachants et cocasses souvent (Fred, collègue de
Lallemand et Camille, sa compagne) ou répugnants, parfois (Michel, le
webmaster…). L’auteur s’applique à leur donner toute la richesse et la finesse
psychologique avec parfois un sens de l’humour grinçant pour amplifier leur
personnalité tout en allégeant la dramaturgie du récit.
Je remercie très chaleureusement les éditions Hervé CHOPIN de m’avoir permis
de découvrir le dernier récit de Paul Colize et pour ces
quelques heures de bonheur et de délectation à le lire.
Michel BLAISE © 2018
Belle chronique première chronique bien argumentée qui m'a permis au passage de découvrir cet auteur, ce titre et votre site !
RépondreSupprimerJe me suis permise de vérifier au passage que la section commentaire fonctionne bien ;-)
Très bonne continuation !
La naissance d'un blog - aux forceps par surcroît- ça se fête. Merci Emma pour ce très aimable commentaire. De fait, vous êtes la marraine de "Mes lectures" (titre provisoire).
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