jeudi 26 mai 2022

L'Embuscade, Émilie Guillaumin

 

                            Littérature Française, Thriller,  Djihadisme


« La guerre n'a pas un visage de femme » (1)


C'est un matin du mois d'août comme les autres pour Clémence. Il est très tôt. Les enfants dorment encore, l'atmosphère est déjà moite lorsqu'une délégation militaire se présente au domicile. Cédric Delmas - son conjoint, membre des forces spéciales du 13e RDP de Bordeaux (2) -, a disparu en mission, dans une embuscade, avec cinq compagnons d'armes, quelque part au Moyen-Orient.


La douleur et la sidération de Clémence s'amplifient très vite à la faveur de pensées circulaires et torturantes - Cédric est-il réellement mort ? - lorsque l'armée apprend à l'épouse que les résultats d'analyses ADN, effectuées sur le corps méconnaissable rapatrié, ne coïncident pas avec l'identité de Cédric.


Face aux silences et aux secrets de l'Armée, Clémence s'engage - aux côtés des autres compagnes - dans un combat herculéen afin de savoir ce qui s'est précisément passé cette sombre nuit d'été au Levant, et ce qu'il est advenu du père de ses enfants.


Si l'incertitude de la mort de l'être aimé est un calvaire, sa réalité peut se révéler tragique et bouleversante. Clémence, femme valeureuse et résiliente, décide de s'embarquer dans une galère en quête de vérité ; ça ne sera pas pour s'y taire. (3)


« L'Embuscade » (Harper Collins, 2021) est le deuxième récit d'Émilie Guillaumin dont le parcours universitaire et professionnel ne heurte pas le thème de son roman. Après des études de Lettres et de sciences criminelles, l'auteur a connu plusieurs expériences au sein de l'Armée de terre - engagée au cœur de celle-ci.


L'un des exploits de ce roman, aussi bien raconté - singulièrement dans la force du propos - est qu'il conduit en permanence le lecteur à penser qu'il pourrait s'agir de la narration d'une histoire vraie.


Pour être honnête, il est difficile d'aller plus avant dans le commentaire de « L'Embuscade » à peine de déflorer l'intrigue et ses subtilités entre les différents protagonistes - l'Armée, les autres veuves, les parents, et les compagnons de Cédric également piégés et assassinés ou de céder au commentaire de texte ou à l'expression d'opinions personnelles toujours inappropriées lorsqu'elles dépassent l'analyse littéraire. De ce dernier point de vue, sur la forme, le roman est bien écrit ; l'intrigue, la trame et les personnages sont travaillés soigneusement.


En bref, l'Embuscade est un roman passionnant et intelligent que je recommande très vivement.


Bonne lecture.


Michel BLAISE © 2022




                        (Chronique Gérard Collard, YouTube)

1. Titre du roman de Svetlana Alexievitch,


2. Les militaires du 13ᵉ régiment de dragons parachutistes, situé près de Bordeaux (Martignas-Sur-Jalle) est organisé comme un système complet de renseignement. Il assure la recherche, le traitement et la diffusion de renseignement d'origine humaine et de niveau stratégique.
Dans la plus grande discrétion des opérations spéciales, ses équipes de recherche aéroportée mènent des missions à des fins de ciblage et d'appréciation de situation dans des pays en crise ou menaçant de l'être.



3. Cythère est une île grecque réelle, située dans la mer Ionienne. Dans la mythologie, c'est là qu'Aphrodite, déesse de l'amour, fut portée par les zéphyrs immédiatement après sa naissance. Cythère apparaît peu dans la mythologie grecque, mais l'art occidental a exploité l'idée de l'île consacrée à l'amour et prolongé le mythe : elle devint une île enchantée, réservée aux plaisirs de l'amour et métaphore de l'érotisme.


Au XVIIIe siècle, le thème de l'île est très en vogue : outre la métaphore amoureuse qui fait de l'île le lieu intime des amants, isolés du monde, l'île sert souvent de cadre à des utopies politiques, comme chez Marivaux.


Watteau exploita plusieurs fois cette métaphore.
Cette estampe est réalisée d'après une œuvre très célèbre de Watteau qui lui valut d'être élu à l'Académie en 1717. Elle fut enregistrée comme "Pèlerinage à l'Isle de Cythère" : évocation religieuse, quasi mystique de ce qui représente un embarquement pour l'île d'Amour". Pas de frénésie ni d'agitation, mais une ambiance de langueur lascive et de troublante sérénité, dans laquelle les femmes se laissent emmener par leurs compagnons avec une passivité consentante, malgré quelques gestes de retenue à peine ébauchés. Arrivés à la berge, parmi des spirales de nuées et de guirlandes, ces pèlerins sont entraînés vers une barque à peine esquissée par des angelots virevoltant dans les airs. Cette barque évoque davantage un lit à baldaquin qu'un navire prêt pour une expédition lointaine : incitation, au-delà des interprétations savantes, à rêver à ces îles du bonheur perpétuel et à ces voyages dont on revient changé et qui, selon la formule de Montaigne, "forment la jeunesse". (Source BNF)

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