lundi 29 novembre 2021

Un assassin parmi nous, Shari Lapena


                                                  Thriller, whodunit


Au sein de la forêt, dans les montagnes des Catskills situées à environ 160 km au nord-ouest de New-York et à 64 km au sud-ouest d'Albany, capitale de l'État, l'on peut se reposer quelques jours, loin de tout, du réseau internet et du téléphone, au « Mitchell's Inn », un bel hôtel de charme.

Les nouveaux pensionnaires font immédiatement et jovialement connaissance. Mais pour eux, ce séjour de deux jours s'apparente davantage à une thérapie qu'à une sinécure. Deux amies journalistes, l'une et l'autre liées par des relations équivoques, un couple au bord de la rupture du fait des infidélités de l'époux, une femme écrivain lesbienne, solitaire et mystérieuse, un avocat divorcé accusé du meurtre de sa femme, un jeune couple - dont la date du mariage est fixée - qui se serait bruyamment disputé au cours de la première nuit.

L'hôtel, pour améliorer et avantager le séjour de ses hôtes, est dirigé par un gérant veuf et son fils au demeurant très charmant, mais coutumier de certains comportements douteux, voire répréhensibles.

En tout état de cause, les premiers instants au « Mitchell's Inn » sont enthousiastes et chaleureux.

Le lendemain matin l'un des pensionnaires est retrouvé mort assassiné au pied de l'escalier. Puis, tous sont plongés dans le noir, privés de chauffage et du moindre secours du fait des conditions météorologiques.

Brusquement, tout s'accélère : un autre pensionnaire est mystérieusement assassiné, puis un deuxième, puis encore un autre… le suivant décède de manière inexpliquée sans que l'on sache s'il s'agit d'une mort naturelle ou d'un assassinat. Certains signes permettent de penser que le criminel appartient au groupe ou bien qu'un intrus se cacherait dans l'hôtel. Cette dernière hypothèse est définitivement écartée après une visite minutieuse de l'établissement.

Les conditions climatiques ne permettent pas à la police de se rendre sur les lieux pour enquêter. Aussi, les résidents survivants s'observent, se méfient et s'accusent les uns les autres. La tension est à son comble.

Quand la nature s'est enfin apaisée, le sergent Margaret Sorenson se rend sur les lieux afin d'interroger les pensionnaires et confondre le coupable.

Cependant ….

Shari Lapena est un auteur de romans policiers canadien, anciennement avocate et professeur d'anglais avant de se consacrer définitivement et entièrement à l'écriture. « Un assassin parmi nous » est l'un de ses quatre romans traduits en français.

La critique du roman mérite également de simplicité que son intrigue. Celle-ci est pleinement satisfaisante afin de passer un bon moment ou en dissiper un mauvais. Dans cette perspective, dénuée de toute allusion péjorative, Shari Lapena réussit parfaitement.

L'histoire est cohérente, les personnages sont « vivants », le suspense existe, même s'il manque par régularité. Bref, « Un assassin parmi nous » est un roman policier honnête et bienveillant.

Néanmoins, le récit est très imparfait à plusieurs titres nonobstant les avis dithyrambiques de certains critiques de presse œuvrant à semer la confusion à défaut de donner un avis objectif. Ce sont parfois les aléas des « services de presse » professionnels.

Il faut convenir que Shari Lapena semble éprouver quelques difficultés à circonscrire le périmètre du roman au sein du genre littéraire policier lato sensu. C'est le reproche majeur que l'on peut faire à « Un assassin parmi nous ». Partant, la « critique » accommodante n'éprouve aucun complexe à procéder par comparaison obscène. Certaines critiques de lecteurs anonymes ne manquent pas de tomber parfois dans le piège tendu.

Ainsi, il est écrit dans le Figaro Magazine : « Magistral Clin d'œil à [Dix petits nègres] (1) d'Agatha Christie…, comme un grand whodunit à l'ancienne ».

Non seulement le roman de Shari Lapena n'a aucune des qualités de celui d'Agatha Christie, même « au simple coup d'œil », mais encore, et surtout pour les amateurs de ce genre littéraire, il n'est, ni de près ni de loin, un whodunit. Ce dernier genre convient à une forme complexe de roman policier dans laquelle la structure de l'énigme et sa résolution sont les facteurs prédominants. Au cours du récit, des indices sont fournis au lecteur, qui est invité à déduire l'identité du criminel avant que la solution soit révélée dans les dernières pages. C'est ce que l'on nomme le roman d'enquête ou de détective ou encore le roman de type « mystère en chambre close ».

Mais le lecteur doit disposer des mêmes indices que l'enquêteur et donc des mêmes chances que lui de résoudre l'énigme, l'intérêt principal de ce genre de romans est de pouvoir, théoriquement en tout cas, y parvenir avant le héros de l'histoire. Tels les romans d'Agatha Christie, de Gaston Leroux (le « Mystère de la chambre jaune ») ...

Dans « Un assassin parmi nous », il n'existe rien de tout cela. Celui-ci est un roman policier (thriller) traditionnel qui, au demeurant, présente le défaut, parfois, de « tourner en rond ». Avant la résolution de l'intrigue lors des toutes dernières pages, à laquelle le lecteur ne peut donc à aucun moment participer, les situations, les dialogues et la narration en général manquent de consistance. Probablement, la traduction, assez médiocre, n'y est pas étrangère.

En conclusion, je ne déconseille absolument pas ce roman très divertissant et agréable à lire, mais il serait totalement faux de penser lire un whodunit et y trouver une atmosphère comparable à celle présente dans ceux d'Agatha Christie ou autres auteurs familiers de ce genre littéraire.


Michel BLAISE. © 2021

1 – le rédacteur de la critique écrit « Ils étaient dix ». Je ne connais pas le roman, rédigé par Agatha Christie, portant ce titre. Je connais, en revanche, « Dix petits nègres »...



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