dimanche 20 juin 2021

La grâce et les ténèbres, Ann Scott

        

                                       Islamistes - Internet - terroristes

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« On dit les idéologies mortes, mais les plus efficaces sont celles qu'on ne perçoit pas comme telles ». (Marc Augé)

Sur le thème de l'islamisme et le monde méconnu de la lutte bénévole qui le combat sur les réseaux sociaux, ce livre (« La grâce et les ténèbres », Calmann-Lévy 2020) est exaspérant et problématique. Polar géopolitique, document, ce livre est avant tout un essai parce qu'Ann Scott ne se limite pas à raconter une histoire ou à exposer objectivement des faits, mais présente, plus que de raison, sa pensée pénétrée d'une idéologie obsédante qui interpelle sur les rapports malsains que l'auteur entretient avec l'islamisme.

Les faits. le personnage principal, Chris, trentenaire, musicien incapable, bourgeois-bohème, sans personnalité ni conviction, tête à claques et exaspérant - bref, « jeune branleur » et bon à rien -, habite un appartement vide, trop grand pour lui, dans lequel il vit la nuit et dort la journée. Il tente, mais en vain, de composer sa musique. Influencé par les engagements de sa mère, climatologue, et de ses sœurs, photographe et reporter de guerre, il pense donner un sens à sa vie, le jour où, avec celles-ci, il découvre - peu après la présentation des images de l'exécution par l'État Islamique du journaliste, James Foley - un groupe d'anonymes qui lutte contre la propagande djihadiste sur internet, les « narvalos ».

Au début fasciné, il se lance dans la cybersurveillance pour, petit à petit, se détacher de lui-même au service d'une cause, une fois encore trop ambitieuse pour lui, qui le déborde jusqu'au stress posttraumatique.

Avant la parution de son premier roman « Asphyxie » (1996) - description de l'ordinaire d'un groupe punk américain en tournée en Europe, inspiré de Nirvana et des Sex Pistols -, Ann Scott ne trouvait pas d'éditeur. Puis vint la publication, quatre ans plus tard, de « Superstars » (Flammarion 2000), précédé de « Poussière d'anges » et, enfin, de « Cortex », (Stock).

Les ouvrages d'Ann Scott particulièrement psychédéliques, gravitent régulièrement autour des thèmes de la musique électronique, de la drogue - sans pour autant dénoncer celle-ci - de l'homosexualité et de la bisexualité, sur un ton prosélytique par un rejet subliminal de l'homosexualité lorsqu'elle déclare sur le média « Nulle part ailleurs » : « Autant la bisexualité est une forme d'équilibre pour moi, autant les relations homosexuelles que j'ai pu vivre ont été plutôt pathologiques »

Assurément sa rencontre, en 1995, avec la sulfureuse, contestée et contestable Virginie Despentes (1) - qui s'est récemment illustrée par des prises de positions racialistes - et aujourd'hui l'écriture de « La grâce et les ténèbres », trahissent Ann Scott qui entretient entre l'islamisme et d'autres structures extrémistes également répugnantes - l'ultra droite et autres organisations néonazies, notamment - une vision hiérarchisée singulièrement malsaine.

La rédaction de cet essai, pétri d'idéologies, expose évidemment l'auteur, pareillement à son ouvrage, à des critiques plus personnelles.

Mais je ne veux pas me fourvoyer dans le commentaire. Aussi, j'admets très volontiers que la présentation des « Narvalos » - sous certaines réserves tenant aux amalgames entre document et fiction, spécialement lorsqu'il s'agit de romancer les « loupés » des services du renseignement (attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, par exemple) en citant nommément les protagonistes des agressions islamistes et le modus operandi, procédé plus que discutable - est remarquable. le travail accompli par l'auteur, durant deux ans au côté du collectif de la « Katiba des Narvalos » (en arabe « Bataillon des fous »), constitué après les attentats de 2015 en France afin de collaborer, bénévolement à leurs risques et périls, auprès des services de renseignements, est louable et très instructif.

Et si l'on doit saluer, dans cet ouvrage, je ne sais quoi et je ne sais qui, ce sont bien ces anonymes et eux seuls.

Pour le reste, sur le fond, l'ouvrage d'Ann Scott est navrant d'idéologie et de dogmatisme contre-productifs.

Ann Scott défend l'idée qu'il convient de ne pas montrer au public, afin de l'informer, les horreurs de Daech – décapitations et autres actes barbares. Elle fait référence, sans le dire, à la polémique relative à la publication sur les réseaux sociaux, par deux députés français, de photographies des actes odieux des islamistes. Bien mal lui en a pris dans la mesure où, récemment, la justice française a considéré que ces divulgations étaient nécessaires à l'information du public quant aux pratiques employés par les islamistes. Ann Scott est, par surcroît, hypocrite, car elle n'hésite pas à écrire, à juste raison au demeurant, des propos pareillement violents aux images que dénoncent lesdites divulgations :

« Pour décapiter au couteau, il faut une lame bien tranchante. Il y a d'abord l'égorgement qui fait aller d'abord la lame d'une carotide à l'autre en passant par la trachée. Il faut quand même s'y prendre à plusieurs fois… (ça s'acquiert sur le bétail) … Ensuite, c'est de la boucherie. On tranche peau et muscles puis on passe entre deux vertèbres pour sectionner le cou… ça leur permet des mises en scène ignobles… la victime est reléguée au rang de mouton… » (P. 274).

Les autres personnages, à l'instar de Chris, ne sont pas davantage attachants et sympathiques. À l'image de l'auteur, ils sont bouffis de certitudes dans un monde protégé et verrouillé. La mère, Colette, ainsi que les sœurs, Cass et Claire, sont pétries de certitudes sur des questions géopolitiques extrêmement complexes.

Mais le paroxysme de l'insupportable survient à la fin du livre où Ann Scott, perdant ses nerfs, procède par des amalgames tellement grossiers, qu'elle ruine tout ce qui restait encore de crédible dans son récit. Après avoir minimisé l'influence maléfique de l'ultra gauche sur les réseaux sociaux en la comparant à l'ultra droite :

« Ultra-Gauche : Fidèles au vieux socle anarchique classique…, moins portés sur les armes que l'Ultra-droite et plus par nécessité que par passion, et ceux qui se battent contre l'extrême droite ou les forces de l'ordre ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui seraient prêts à prendre les armes contre les intérêts de l'État… contrairement à l'ultra-droite…, l'Ultra-gauche pourrait s'attaquer au système…, mais sans doute pas à des civils… Les ultra-gauches n'ont recours au virtuel que pour communiquer entre eux… » (P.108)

Et l'auteur d'employer (P.142), le terme » d'islamophobie », cette locution, qui est un non-sens, bien utile pour tenter d'empêcher de critiquer la religion de l'islam. Or la détestation d'une religion n'a rien à voir avec la haine d'un peuple ni avec le racisme. « L'islamophobie » ne tue pas, les islamistes oui.

L'on ne s'étonnera pas alors qu'Ann Scott, par l'intermédiaire de son personnage principal, Chris, recherche, presque exclusivement, sa documentation auprès de l'organe de presse Médiapart dont on sait les accointances avec l'islam.

C'est ainsi que dans les derniers chapitres Ann Scott ne s'emploie qu'à discourir sur la présence de groupes d'Ultra-droite néonazis sur les réseaux sociaux, non pas pour s'éloigner de son sujet, l'islamisme, mais pour procéder à une hiérarchie sidérante des horreurs entre ces types de groupuscules :

« Ils [les djihadistes] abandonnent ce qu'ils sont pour ne plus être que des serviteurs de cette cause. Alors que les suprémacistes ne transcendent rien du tout et ne font ça que pour eux-mêmes… D'accord de bousiller son quotidien pour essayer d'empêcher des attentats jihadistes, mais le faire pour ces déchets, sûrement pas... ».

Médiapart et Virginie Despentes n'auraient su dire mieux. À en croire l'auteur, qui manifestement semble avoir un problème avec l'islamisme, y aurait-il des terrorismes plus estimables que d'autres ?

Quant à la forme, l'écriture est désagréable, saccadée ; Ann Scott surjoue un ton faussement moderne qui sonne faux. le style littéraire est très approximatif et véritablement horripilant.

Ce genre d'ouvrage n'est pas bon. Il est insidieux, agaçant et suffocant.

Michel BLAISE © 2021



1 – La réaction de Virginie Despentes, après les attentats du 7 janvier 2015, ayant décimé la rédaction de Charlie Hebdo, et qui le lendemain a causé la mort de quatre juifs dans une supérette casher, fut de dire, par des propos islamo-gauchistes nauséabonds, qu'elle aime tout le monde sans distinction, même ceux qui n'étaient pas Charlie.

Depuis, elle milite en faveur d'Adama Traoré et ne dissimule plus ses opinions racialistes.

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